Syrie : Washington veut enquêter sur la présence de mercenaires russes lors d’attaques contre les Forces démocratiques syriennes

Le 7 février, la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis a effectué des frappes aériennes près de la localité de Kusham, située dans la province de Deir ez-Zor, afin de défendre les Forces démocratiques syriennes (FDS), alors visées par une attaque des troupes pro-gouvernementales syriennes.

Pour rappel, les FDS, dont les milices kurdes syriennes fournissent le gros des effectifs, sont présentes sur la rive orientale de l’Euphrate, où elles tentent de réduire les dernières poches de résistance de l’État islamique (EI ou Daesh). Quant aux troupes pro-gouvernementales, elles ont pris position sur la rive gauche du fleuve.

Peu après cet incident, au cours duquel entre 25 et 300 assaillants auraient été tués (selon différentes sources), le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, a dit « ignorer » les raisons de cette attaque contre les FDS, alors que les opérations de part et d’autre de l’Euphrate sont théoriquement coordonnées entre l’objet entre la coalition et l’état-major russe en Syrie, dans le cadre de mesures qui, dites de « déconfliction », sont censées éviter les accrochages.

Puis, le 10 février, un drone américain MQ-9 Reaper a détruit un char T-72 menaçant une nouvelle fois les FDS.

Cinq jours plus tard, et alors que plusieurs médias indiquaient que de nombreux paramilitaires russes avaient été tués lors de l’incident du 7 février, la Russie a admis qu’au moins cinq de ses ressortissants avaient laissé la vie lors des frappes de la coalition. D’ailleurs, des organisation paramilitaires russes, présentes en Syrie, avaient fait état du décès de deux des leurs.

Parmi les cinq russes tués en Syrie, l’on trouve Vladimir Loguinov, un membre d’une organisation paramilitaire cosaque, ainsi que Kirill Ananiev, qui appartenait au groupe « Drougaïa Rossïa » (« Une Autre Russie »), fondée par l’écrivain Edouard Limonov, par ailleurs fondateur et chef du Parti national-bolchevique.

Quoi qu’il en soit, cette affaire a mis en lumière le rôle joué par les organisations paramilitaires et les sociétés militaires privées (SMP) russes, comme celle appelée Wagner, en Syrie. Et si, officiellement, ces dernières (les SMP) sont interdites, elles n’en cultivent pas moins un certaine proximité avec le pouvoir.

Ce 18 février, le chef du Pentagone s’est abstenu de porter la moindre accusation contre Moscou pour l’attaque contre les FDS dans la province de Deir ez-Zor. Toutefois, il voudrait qu’une enquête soit menée.

« Je crois comprendre que le gouvernement russe dit maintenant que certains de ses contractuels étaient impliqués dans cette attaque encore inexpliquée contre les Forces démocratiques syriennes (…) à l’est de la ligne de désescalade » avec les troupes gouvernementales syriennes, a déclaré M. Mattis, dans l’avion qui le ramenait à Washington après une réunion de l’Otan à Bruxelles.

Et cette attaque, a continué M. Mattis, a été menée « apparemment à l’insu des officiers russes avec qui nous nous coordonnons par le biais de la ligne de communication » de la zone de désescalade. » Mais, a-t-il estimé, « je doute que 250 à 300 hommes, après s’être excités de leur propre initiative, aient soudainement traversé le fleuve pour passer en territoire ennemi, commencé à tirer à l’artillerie sur une position et manoeuvré des chars dans sa direction. »

« Quelqu’un leur avait donné des ordres. Est-ce que c’était des ordres locaux? Est-ce que c’était des sources externes? Qu’on ne me demande pas. Je ne sais pas », a ensuite demandé M. Mattis. « Mais quoiqu’il soit arrivé, nous essaierons de le découvrir », a-t-il assuré.

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