Selon Moscou, 5 ressortissants russes auraient « a priori » été tués par des frappes de la coalition en Syrie

Dans la nuit du 7 au 8 février, vers la localité de Kusham, la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis a effectué des frappes aériennes contre 500 combattants pro-Assad qui menaçaient alors les Forces démocratiques syriennes (FDS), lesquelles s’attachent actuellement de réduire les dernières poches de résistance de l’État islamique (EI ou Daesh) sur la rive orientale de l’Euphrate.

Selon le lieutenant-colonel Damien Pickart, porte-parole des forces aériennes relevant de l’US CENTCOM, le commandement militaire américain dédié à l’Asie centrale et au Moyen-Orient, des avions furtifs F-22A Raptor, des F-15E Strike Eagle ainsi que des drones MQ-9 Reaper ont participé à ces frappes, qui, selon le Pentagone, auraient fait au moins 100 tués parmi les forces pro-gouvernementales syriennes.

« Pour une raison que j’ignore, des forces pro-gouvernementales syriennes – et vraiment je ne vois aucune explication à leurs actes – se sont dirigées vers des positions des Forces démocratiques syriennes où se trouvaient des soldats des forces spéciales américaines », a expliqué, plus tard, James Mattis, le chef du Pentagone. Elle « ont commencé à les bombarder à coup d’artillerie et […] des chars se sont approchés », a-t-il ajouté. « À l’issue de notre engagement pour nous défendre, leur artillerie était détruite, de même que deux de leurs chars, et ils avaient des morts », a-t-il résumé.

Théoriquement, les opérations de part et d’autre de l’Euphrate font l’objet d’une coordination entre la coalition internationale et les forces russes, dans le cadre de mesures dites de « déconfliction » prises par les deux parties. « Les Russes nous ont dit qu’ils n’avaient personne là-bas », a enchaîné M. Mattis. « Nous savons que c’était des forces pro-régime. Mais (…) Iraniens, pro-Assad, Russes, mercenaires? Je ne peux pas vous le dire », a-t-il dit.

Quelques jours plus tard, et alors que certains médias faisaient état de plus de 200 tués après les frappes de la coalition, dont des mercenaires russes, le général Jeffrey Harrigian, le chef des forces aériennes de l’US CENTCOM, n’a pas été en mesure d’en dire davantage sur l’identité des combattants pro-gouvernementaux visés. « Ce que nous avons vu venir vers nous était une unité de la taille d’un bataillon », a-t-il dit. « Nous continuons à chercher de quoi cette force était composée. Et il va falloir du temps pour savoir qui était là-bas », a-t-il ajouté, selon Military.com.

Entre-temps, un autre incident a eu lieu. En effet, pendant que les regards étaient tournés vers les frappes israéliennes contre des positions iraniennes, un drone MQ-9 Reaper a détruit un char T-72, qui venait de tirer en direction des FDS et des forces spéciales américaines. Là encore, l’identité de ses occupants n’a pas pu être précisée.

Mais, a priori, au moins cinq ressortissants russes ont laissé la vie dans ces frappes. C’est ce qu’a affirmé, ce 15 février, Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. « Selon les informations préliminaires, on peut parler de la mort de cinq personnes, a priori des citoyens russes, à cause de l’affrontement armé dont les causes sont à l’étude », a-t-elle indiqué, en évoquant les frappes de la coalition. « Il y a également des blessés », a-t-elle poursuivi, avant de préciser qu’il « ne s’agissait pas de soldats russes ».

Le fait est. Après les frappes du 7 février, des organisations paramilitaires russes présentes en Syrie firent état de la mort d’au moins deux des leurs. En outre, des sociétés militaires privées russes (SMP), au statut juridique flou, combattent également aux cotés des forces gouvernementales syriennes. C’est notamment le cas de l’entreprise « Wagner ».

Ce flou juridique permet à la Russie de dire « officiellement qu’elle ne participe pas à des opérations au sol en Syrie. Et si des collaborateurs de ces sociétés sont tués, ce n’est pas le problème de l’armée et il n’y a aucune résonance médiatique », expliquait Alexandre Khramtchikhin, expert à l’Institut d’analyse politique et militaire au Figaro, en septembre 2016.

« Il se trouve dans les zones de conflit beaucoup de citoyens de toutes les régions du monde, y compris de Russie. (…) Il est extrêmement difficile de les surveiller et de vérifier ce qu’ils y font », a en outre assuré Mme Zakharova.

Par ailleurs, ce 15 février, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a indiqué que « 15 ressortissants russes travaillant pour une société de sécurité privée russe ont été tués dans l’explosion d’un dépôt d’armes de la société à Tabiya Jazira dans la province de Deir Ez-Zor. »

La société russe en question serait en charge, d’après l’OSDH, de « la protection des champs de pétrole et de gaz que contrôle le régime syrien. » L’explosion se serait produite le 9 février, alors que « les forces du régime tentaient de prendre le champs gazier de Coneco », contrôlé par les FDS.

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