M. Macron le répète : la France « frappera » en cas de « preuves avérées » d’usage d’armes chimiques en Syrie

Alors qu’au moins six attaques chimiques commises avec du dichlore ont été signalées dans les zones tenues par les rebelles syriens depuis le début de cette année, le président Macron a réaffirmé, le 13 février, la ligne rouge qu’il avait tracée à deux reprises peu après son élection.

Si la France « a des preuves avérées que des armes chimiques proscrites sont utilisées contre les civils » en Syrie alors « nous frapperons », a en effet une nouvelle fois dit le président Macron, devant l’Association de la presse présidentielle.

« Nous frapperons l’endroit d’où ces envois sont faits ou là où ils sont organisés. La ligne rouge sera respectée », a encore assuré le chef de l’État. « Mais aujourd’hui nous n’avons pas de manière établie par nos services la preuve que des armes chimiques proscrites par les traités ont été utilisées contre les populations civiles », a-t-il souligné.

Mais « dès que la preuve sera établie, je ferai ce que j’ai dit », a averti M. Macron, tout en insistant sur le fait que « la priorité » restait « la lutte contre les terroristes, les jihadistes ».

Pour le moment, et si les États-Unis sont affirmatifs au sujet de l’utisation de dichlore par le régime syrien contre les civils au point d’avoir soumis, au Conseil de sécurité de l’ONU, la semaine passée, un texte condamnant ces attaques chimiques et affirmant « que responsables d’un recours aux armes chimiques, incluant le chlore ou toute autre substance, devront répondre de leurs actes », la France se veut prudente.

« On a des indications possibles d’utilisation du chlore mais nous n’avons pas de confirmation absolue. C’est donc ce travail de confirmation que nous sommes en train de faire, avec d’autres, parce qu’évidemment il faut que les faits soient établis », avait expliqué Florence Parly, la ministre des Armées, le 9 février dernier.

Seulement, et bien qu’ayant été utilisé le 22 avril 1915, à Ypres, lors de la première grande attaque chimique de l’histoire, le chlore n’est pas une arme chimique « proscrite » dans la mesure où il ne fait pas partie des susbstances interdites par la Convention sur l’Interdiction des Armes Chimiques (CIAC). Et pour cause : il s’agit d’un produit industriel courant. En revanche, son usage à des fins militaires est bien interdite par les traités.

Cependant, la résolution 2209 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies (14 voix pour, 1 abstention, celle du Venezuela) le 6 mars 2015 a condamné l’usage du chlore comme arme chimique en Syrie.

Dans ce texte, il est rappelé que Damas a adhéré à la CIAC et que l’utilisation comme arme chimique en Syrie de « tout produit chimique toxique, tel que le chlore, constitue une violation de la
résolution 2118 » (adoptée en 2013 après l’attaque au gaz sarin ayant visé le secteur de La Goutha) et de la Convention sur l’Interdiction des Armes Chimiques.

Pour autant, l’utilisation de dichlore par les forces syriennes n’a pas cessé. Et plusieurs cas ont été documentés, par le passé, par le Joint Investigative Mechanism (JIM), une commission d’enquête conjointe de l’ONU et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OAIC), sans qu’il y ait eu de réponse militaire similaire à celle qui fut donnée à l’attaque au gaz sarin, commise à Khan Cheikhoun, le 4 avril 2017. Pour rappel, les États-Unis avaient bombardé la base syrienne d’al-Shayrat, alors soupçonnée d’abriter un arsenal chimique.

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