La marine allemande est en grande difficulté pour honorer ses engagements auprès de l’Otan et de l’UE

Commissaire parlementaire aux forces armées allemandes [Bundeswehr], le social-démocrate Hans-Peter Bartels ne cesse de tirer la sonnette d’alarme sur les capacités militaires de son pays. Fin janvier, il avait ainsi déploré le manque de disponibilité de la Bundeswehr, laquelle s’était « encore dégradée, malgré un budget en en légère hausse. »

« Alors que les missions extérieures avec de petits contingents se sont bien déroulées, la Bundeswehr, dans son ensemble, ne peut actuellement être utilisée pour la défense collective », avait en effet souligné M. Bartels, dans les colonnes du magazine Focus.

Dans un entretien publié par l’édition dominicale du quotidien Bild, M. Bartels a évoqué la situation inquiétante dans laquelle se trouve actuellement la marine allemande [Deutsche Marine]. L’on savait déjà qu’aucun des six sous-marins que compte que cette dernière n’était opérationnel à la fin de l’année 2017. Seul le U-31, qui vient de passer 4 ans dans un chantier naval, vient de reprendre la mer pour des essais. Il devrait être de nouveau opérationnel d’ici la fin du mois de mars.

Un autre souci concerne la dernière frégate livrée à la Deutsche Marine. Première de la série du programme F-125, au concept pour le moins étonnant, le navire « Baden-Württemberg » a été renvoyé au chantier Blohm+Voss pour régler des problèmes de conception. Une première pour l’agence allemande d’acquisition de matériel de défense [BAAINBw].

Les navires ravitailleurs souffrent également de problèmes de disponibilités. Le A1411 « Berlin », entré en service en 2001, est en cale sèche depuis septembre 2016 au chantier naval de Lürssen pour une opération de maintenance à mi-vie. Le plus récent de la série, le A1413 « Bonn » (opérationnel depuis 2013) est actuellement en « maintenance programmée » à Hambourd depuis août 2017. Enfin, le A1412 « Frankfurt am Main » a retrouvé le service en septembre dernier, après avoir subi des réparations après une collision.

Plus généralement, la Deutsche Marine est confrontée à un gros problème d’approvisionnement en pièces détachées. Y compris les plus simples, comme les pompes à injection ou les refroidisseurs d’huile, a souligné Hans-Peter Bartels. Et les délais de livraison peuvent atteindre six mois, ce qui rallonge d’autant les opérations de maintenance.

« Il y a trop de responsabilités administratives [en clair, de bureaucratie] et un manque de personnel. Et, parfois, les chantiers navals aiment s’accrocher le plus longtemps possible à un ordre donné », a déploré le commissaire parlementaire de la Bundeswehr.

En outre, les nouveaux navires censés remplacer les plus anciens tardent à être opérationnels. « Six des quinze anciennes frégates ont été retirées du service, mais aucun des nouvelles frégates 125 n’a été remise à la Deutsche Marine », a fait valoir M. Bartels.

Aussi, a-t-il averti, « la Deutsche Marine va bientôt manquer de navires opérationnels » et l’Allemagne « doit réfléchir à deux fois avant d’accepter de nouvelles missions navales au profit de l’Otan, de l’Union européenne ou des Nations unies. »

Ces dernières années, la marine allemande a notamment participé à l’opération de l’Union européenne EUNAVFOR « Sophia » en Méditerranée centrale et déployé des navires au sein des Groupes maritimes permanents de l’Otan. Enfin, elle a également envoyé l’une de ses anciennes frégates Augsburg auprès du porte-avions Charles de Gaulle, en novembre 2015.

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