Les Philippines annulent une commande de 16 hélicoptères Bell 412EPI après une polémique au Canada

La polémique suscitée par une commande de 16 hélicoptères Bell 412 EPI passée par Manille auprès de Bell Helicopter (filiale de Textron) aura fait perdre patience à Rodrigo Duterte, le président philippin. En effet, ce dernier a décidé d’annuler ce contrat.

Ainsi, des élus du Nouveau parti démocratique (gauche canadienne) sont montés au créneau pour critiquer ce contrat de 235 millions de dollars, en disant craindre que ces Bell 412 EPI (ou CH-146 Griffon) puissent servir à commettre des atteintes aux droits de l’Homme.

« Pour moi, pas d’hélicoptères! Absolument! On ne peut pas avoir de garantie que ce ne sera pas utilisé contre les civils », a en effet lancé Hélène Laverdière, une élue NPD de la Chambre des communes.

Et ce parti a en outre estimé qu’il serait « ironique » de livrer de tels appareils aux Philippines alors que M. Duterte s’est vanté d’avoir jeté un homme depuis un hélicoptère. Une chose qu’il referait « sans hésitation », a-t-il dit.

Le gouvernement conduit par le libéral Justin Trudeau, s’est efforcé ensuite de donner quelques assurances à son opposition de gauche. « Le Premier ministre et moi-même avons été très clairs sur les violations des droits de la personne et les exécutions extra-judiciaires du régime Duterte », a déclaré déclaré Chrystia Freeland, la ministre canadienne des Affaires étrangères, lors d’une séance de questions au Parlement.

« Je ferai une analyse extrêmement rigoureuse des droits de la personne pour toute demande de permis d’exportation potentielle liée à ce contrat », a-t-elle ajouté, avant de rappeler qu’elle a « le pouvoir de refuser un permis » s’il y a un « un risque pour les droits de la personne ».

Les Philippines sont actuellement critiquées pour la « guerre » contre la drogue qu’a lancée le président Duterte, peu après son élection. Plus de 4.000 trafiquants et consommateurs de produits stupéfiants auraient été abattus par la police. De quoi motiver un « examen préliminaire » portant sur ces faits par la Cour pénale internationale.

Dans le même temps, l’archipel doit faire face à une rébellion communiste (la « Nouvelle armée du peuple », bras armé du Front démocratique national des Philippines) ainsi que, à Mindanao [sud], à l’activité de groupes jihadistes liés à l’État islamique.

Face à la polémique déclenchée au Canada, les autorités philippines ont expliqué que les 16 Bell 412 EPI seraient utilisés pour des missions de secours en cas de catastrophe naturelle ou de recherche et de sauvetage en mer.

Mais finalement, Rodrigo Duterte n’a pas attendu une décision éventuellement défavorable du gouvernement canadien au sujet de ce contrat. « Je vais dire aux forces armées d’annuler l’entente. Nous chercherons un nouveau fournisseur », a-t-il en effet affirmé, ce 9 février.

« Nous respectons le Canada, mais dorénavant, je dis aux forces armées, puisque la majorité des fusils, des balles, des armes de guerre, risquent invariablement d’être utilisés contre des rebelles et des terroristes : ‘n’achetez plus rien du Canada ou des États-Unis, puisqu’il y a toujours des conditions qui sont rattachées au contrat' », s’est emporté M. Duterte.

D’autres pays ont eu moins de scrupules que le Canada. En octobre, la Russie a indiqué qu’elle livrerait des lance-roquettes antichars RPG-7V aux forces philippines. Une première. Plus tôt, la Chine avait offert à Manille un lot de 3.000 armes, dont des fusils de précision NSG-1 et NDM-86, et des fusils d’assaut CQ-A. Les États-Unis ne sont pas en reste non plus. En juillet, ils avaient donné deux avions Cessna C208B (avec leur armement), d’une valeur totale de 30 millions de dollars.

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