Loi de programmation militaire : L’armée de l’Air devra s’armer de patience jusqu’en 2030

Le projet de Loi de programmation militaire (LPM), dévoilé ce 8 février, confirme les principaux programmes menés au profit de l’armée de l’Air, dont certains sont devenus très urgent à force d’être renvoyés à des jours meilleurs.

C’est ainsi le cas du renouvellement des avions ravitailleurs C-135FR/KC-135, qui, en service depuis plus de 50 ans, sont essentiels aux Forces aériennes stratégiques (FAS) et à la capacité de projection. Comme l’avait prévu la précédente LPM, ces appareils seront remplacés par des A-330 MRTT « Phénix ». Mais la cible a été revue à la hausse puisque 15 (au lieu de 12) exemplaires seront finalement commandés. Mais les 3 avions supplémentaires ne seront livrés qu’entre 2025 et 2030.

Même chose pour ce qui concerne le programmes d’avions légers de renseignement et de surveillance (ALRS). Deux appareils de ce types ont d’ores et déjà été commandés auprès de Thales et Sabena Technics. Et il est question de doter l’armée de l’Air de 6 appareils de plus. Cela étant, ce ne sera pas dans un avenir proche : il faudra attendre 2030 pour voir cette décision entrer dans les faits.

Sans surprise, les 12 drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) MQ-9 Reaper « seront dotés de la capacité à délivrer des armements » et le projet de LPM compte sur la livraison d’un premier système MALE RPAS [drone développé en coopération avec l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne] en 2025. Ce projet, malgré les difficultés, doit être lancé l’an prochain.

S’agissant de la guerre électronique, le programme CUGE (charge universelle de guerre électronique) est, sans surprise là encore, confirmée. Mais là aussi, il faudra être patient : sur les trois exemplaires prévus, un seul sera en service en 2025 (les deux autres le seront en 2030).

En 2023, le projet de LPM indique que 12 hélicoptères destinés à remplacer les Puma seront commandés. Toujours dans ce domaine, il faudra encore attendre pour les livraisons des Hélicoptères légers interarmées (HIA).

En outre, avance le texte, les « systèmes de surveillance, de contrôle et de commandement aériens continueront à être modernisés grâce au programme SCCOA dans ses étapes 3, 4 et 5. Cela concernera les radars MA, HA et tactiques, les radios, les centres de contrôle, les centres de commandement et planification, ainsi que les moyens de surveillance de l’espace. »

Au chapitre des modernisations, l’avionique des 4 E-3F « Awacs » sera « rénovée » tandis que seront lancées des études pour leur remplacement à l’horizon 2035. Les 8 systèmes sol-air de moyenne portée/terrestre [SAMP/T] « Mamba » seront également rénovés après 2025.

Quant à l’aviation de transport tactique, qui se trouve actuellement dans une situation compliquée, elle « poursuivra son renouvellement avec des livraisons d’Atlas A400M (11 avions livrés sur la période) et de 2 derniers C-130J en 2019, ainsi que la modernisation de 14 C-130H. A l’horizon 2030, le remplacement de la flotte C-130H sera initié », indique le texte.

Le plus délicat concerne l’aviation de chasse. Le dernier Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale, publié en 2013, avait fixé à 225 le nombre d’avions de combat (armée de l’Air et aéronavale, qui compte 42 Rafale M).

En novembre, le chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA), le général André Lanata, avait prévenu : au regard de l’activité opérationnelle intense, il n’était pas question d’aligner moins de 215 avions de combat.

Or, les chiffres donnée dans rapport annexé au projet de LPM, qui annonce la livraison de 28 Rafale entre 2019 et 2025, sont pour le moins flous. Pour la fin 2025, et dans un premier temps, il est annoncé 253 avions de combat en parc, dont « 171 Rafale » (parmi lesquels sont comptés 42 Rafale M) et 55 Mirage 2000D modernisés. Ce qui nous fait donc 226 appareils, dont 184 pour l’armée de l’Air. D’où vient la différence de 27 unités, sachant que les Mirage 2000B/C auront théoriquement été retirés du service?

Plus loin, il est question, à l’horizon 2030, d’aligner 280 avions de combat, avec 225 Rafale (dont 40 Rafale M au lieu de 42) et 55 Mirage 2000D modernisés. Ce qui fait donc 54 Rafale de plus alors qu’il est précisé que 30 appareils supplémentaires de ce type aurait été d’ici-là livrés dans leur version F4. Bref, on s’y perd et des précisions seraient les bienvenues… Mais on retiendra que l’armée de l’Air pourrait finalement disposer de 240 avions de combats à l’aube des années 2030.

Quoi qu’il en soit, ce projet de LPM confirme le projet de système de combat aérien futur (SCAF), lequel fait déjà l’objet d’une coopération avec le Royaume-Uni, via BAE Systems et Dassault Aviation. Ce sera, précise le texte, « un système de plateformes et d’armements interconnectés, centré autour d’un aéronef de combat polyvalent, permettant de couvrir l’ensemble du spectre des missions de combat dans et à partir de l’espace aérien. » Et d’ajouter qu’il « permettra de conserver la supériorité aérienne et de conduire les opérations depuis la troisième dimension à l’horizon 2040. »

À noter que, s’agissant d’une éventuelle coopération future pour mener à bien ce programme, aucun pays (pas plus l’Allemagne que le Royaume-Uni) n’est cité en particulier dans le rapport annexé, alors qu’il ne se prive pas de le faire pour d’autres projets.

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