Airbus envisage de mettre sur le marché une version militaire de l’A320neo

En se basant sur son B-737 pour développer l’avion de patrouille maritime P8 Poseidon (chose qu’il fit également pour l’E-3 Sentry « AWACS » avec le B-707 ou encore pour le KC-46 Pegasus avec le B-767), le constructeur américain a vu juste puisqu’il a ainsi pu décrocher non seulement des contrats avec l’US Navy mais aussi avec le Royaume-Uni, l’Inde, l’Australie et la Norvège. Et d’autres pourraient se concrétiser dans un avenir proche.

Mais le B-737 se décline également en avion AEW&C [pour Airborne Early Warning & Control]. Là aussi avec un certain succès puisque la Turquie, la Corée du Sud et l’Australie utilisent cette version.

De quoi inspirer Airbus, qui a déjà une telle expérience, après avoir notamment transformé l’A330 en avion-ravitailleur (A330 MRTT « Phénix »), non sans succès puisque cet appareil a enregistré de nombreuses commandes (France, Royaume-Uni, Australie, Arabie Saoudite, etc).

En effet, le constructeur européen envisage de développer une version militaire de son A320neo, le dernier né de cette gamme de moyen-courrier mise sur le marché à la fin des années 1980. L’annonce a été faite par Fernando Alonso, le directeur de la division Avions militaires d’Airbus Defence & Space, lors du Singapore Air Show.

« Nous avons l’expérience de la conversion de l’A330 en A330 MRTT et nous avons un processus plus efficace », a fait valoir M. Alonso, selon qui le rendement des moteurs de nouvelle génération (Geared Turbofan de Pratt & Whitney ou LEAP de General Electric/Safran permettra une version militaire performante. » La conversion d’un A320neo prélevé sur les chaînes d’assemblage en appareil militaire devrait prendre entre 6 et 8 mois.

L’idée d’Airbus serait de proposer des A320neo modifiés pour des missions de patrouille maritime (MPA), d’ISR (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance) ou de transport gouvernemental.

« Nous pensons qu’il y a un marché et nous avons entamé le dialogue avec plusieurs clients potentiels », a affirmé M. Alonso. Et parmi ces « propects », il y aurait des forces armées de la zone Asie-Pacifique (Malaisie, Indonésie, Nouvelle-Zélande, Philippines) ainsi que les Pays-Bas, la France et l’Allemagne.

Un A320neo transformé en avion de patrouille maritime pourrait effectivement intéresser les forces françaises et allemandes. Mais pas dans l’immédiat, comme l’avait expliqué l’amiral Christophe Prazuck, le chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM), lors d’une audition parlementaire.

Les actuels Atlantique 2 (ATL2) devant être maintenus en service jusqu’en 2030 après leur modernisation, « il faudra réfléchir à la génération suivante peut-être avec les Allemands », avait déclaré le CEMM. « Faudra-t-il des avions qui volent près des flots ou au contraire à haute altitude, comme les P8 américains? Uniquement des avions ou un mélange d’avions et de drones à longue portée? », s’était-il ensuite demandé. Et de conclure : « Les Allemands sont dans le même calendrier que nous, puisqu’ils rénovent actuellement leurs P3, qui devront donc être changés dans les années 2030-40. Cela augure bien pour une future coopération. »

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