Malgré les réserves, le président Macron réaffirme son intention d’instaurer un service national universel

Lors de la course à l’Élysée, Emmanuel Macron avait surpris tout le monde en proposant d’instaurer un « service militaire universel » obligatoire d’une durée de seulement un mois (période devant correspondre à celle des « classes » de l’ancien service, suspendu en 2001, expliquera-t-il plus tard, sur les ondes d’Europe1).

Depuis, il n’est plus question de « service militaire » mais de « service national universel ». Et le dossier a été confié à Geneviève Darrieussecq, la secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, Florence Parly.

Seulement, cette proposition du président Macron se heurte à quelques réticences, d’autant plus qu’il règne un flou certain sur les modalités de ce service national universel. L’on sait juste que le coût de ce dernier ne sera pas pris en charge par le ministère des Armées, lequel sera quand même impliqué dans ce projet. Quant à l’hébergement et à l’encadrement des jeunes appelés (600.000 par an au minimum), on ignore comment ils seront assurés.

En juin, les sénateurs de la commission des Affaires étrangères et de la Défense firent part de leurs réserves au sujet de cette promesse de campagne, en mettant en avant son coût ainsi que son impact possible sur les forces armées. Mais ils ne sont pas les seuls.

Ainsi, le 30 janvier, le Conseil d’orientation des politiques de jeunesse (COJ), s’est dit favorable « à un service national universel non obligatoire, au sens de ‘ouvert à tous les jeunes de manière volontaire’, afin d’éviter une rupture » dans les parcours professionnels et scolaires des futurs « appelés ». Faute de quoi, il faudrait alors « réfléchir aux dérogations et aménagements possibles », avec une possible « multiplication des dérogations ». Bref, on en reviendrait à une situation similaire à celle qui prévalait du temps de l’ancienne conscription.

Mais, visiblement, pour le président Macron, qui a de la foi comme un grain de sénevé peut déplacer les montagnes… Comme il l’avait fait à Toulon, lors de ses voeux aux Armées, il a réaffirmé sa volonté de mettre en place ce service national universel, lors d’une allocution adressée aux forces vives de la Nation et aux corps constitués, le 30 janvier.

« Il ne s’agit pas de réinventer le service militaire » mais de donner « à la jeunesse de France des causes à défendre, des combats à mener dans les domaines social, environnemental, culturel », a ainsi plaidé le chef de l’État. « Le service national universel sera ce moment où la République dira à notre jeunesse que l’engagement pour les autres est le plus sûr moyen de ses réaliser soi-même » et le « socle d’une solidarité nationale affermie », a-t-il ajouté, avant d’avoir un mot pour les incrédules.

« Beaucoup disent que c’est impossible à faire. Mais, rassurez-vous, je suis depuis bien longtemps habitué à ces débuts de discussion. Cela forge plutôt en moi la conviction que c’est une nécessité de le faire. Et cela répond à ce qui corrode au plus profond la cohésion de la Nation, à la tentation de l’individualisme », a-t-il affirmé. « Je crois que notre jeunesse l’attend », a-t-il insisté.

Et si ce projet nécessite une révision de la Constitution (ce qui n’est apparemment pas le cas), M. Macron a dit y être prêt. « Si cela se révèle nécessaire, nous l’assumerons », a-t-il martelé.

Un groupe de travail a été chargé, a dit le président Macron, de mener des « travaux de préfiguration » sur l’instauration de ce service national. Il devrait rendre ses conclusions en avril prochain. À moins qu’il y ait un report… comme pour le rapport que devait présenter les députés de la « Mission d’information sur le service national universel. » D’après un membre LREM de la commission « Défense », les parlementaires se sont sentis « entre l’enclume jupitérienne et la foudre des armées. »

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