La DGA lance un programme de démonstrateurs de robots terrestres pour les sections d’infanterie de l’armée de Terre

« La robotisation et l’automatisation des opérations militaires sont des enjeux majeurs qui ouvrent de grandes perspectives opérationnelles aux armées du XXIème siècle », écrivait, en septembre 2014, le chef d’escadron Tristan Zeller, dans les Cahiers du CESAT (Collège d’enseignement supérieur de l’armée de Terre) [.pdf]. Et de préciser que « la France a choisi la voie de la prudence pour relever ces nouveaux défis éthiques et techniques et pour ne pas modifier profondément ‘l’art de la guerre’ en s’imposant deux impératifs : que « l’homme reste au coeur de l’action guerrière » et que les « principes du droit de la guerre ne soient évidemment pas remis en cause. »

La robotisation du champ de bataille fait débat. Du moins est-ce la cas des « Systèmes d’armes létaux autonomes terrestres » (SALAT), c’est à dire des robots armés potentiellement autonomes, c’est à dire pouvant décider d’ouvrir ou non le feu sur des cibles adverses sans que l’homme soit dans la boucle. Pour le moment, on n’en est pas encore tout à fait là, même si, comme, par exemple en Corée du Sud, Samsung a mis au point un robot capable de détecter des intrus et de faire des sommations.

En tout cas, l’idée de doter des forces terrestres de robots armés fait son chemin. En 2016, l’US Marine Corps (USMC) en a ainsi testé deux, à savoir le MAARS (Modular Advanced Armed Robotic System) de Qinetic et le RVM/CART (Robotic Vehicle Modular/Combat Area Robotic Targeting), aux performances intéressantes.

Cela étant, actuellement, les robots « militaires » sont surtout utilisés pour aider les soldats dans des tâches particulières, comme le déminage, la reconnaissance voire le transport. Et c’est justement pour ces trois domaines qu’un groupement constitué par Safran Electronics & Defense et la PME Effidence s’est vu notifier un contrat par la Direction générale de l’armement (DGA), le 29 décembre dernier.

Ce groupement aura donc à mener une étude visant à « préparer la future capacité de robots des unités de combat de l’armée de Terre », dans le cadre du programme FURIOUS (FUturs systèmes Robotiques Innovants en tant qu’OUtilS au profit du combattant embarqué et débarqué). Pour cela, il s’appuiera sur une dizaine de PME spécialisées ainsi que sur des laboratoires français de robotique, dont le Centre de Recherche des Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan (CREC).

La DGA précise que l’objectif est de mettre à l’essai trois démonstrateurs de « tailles différentes » au sein d’une section d’infanterie dès 2019 au Centre d’entraînement aux actions en zone urbaine (CENZUB) de Sissonne. Ces expérimentations seront conduites les experts en robotique du centre DGA Techniques terrestres de Bourges avec l’appui de la Section technique de l’armée de Terre (STAT), sous l’égide de l’unité de management des opérations d’armement terrestres de la DGA.

« Les missions assignées aux robots terrestres comprendront en particulier la reconnaissance d’une zone, l’exploration de bâtiments et le transport de matériels. L’étude mettra l’accent sur des capacités novatrices comme l’autonomie de déplacement en évitant les obstacles dans tous types d’environnements », explique la DGA.

L’enjeu de cette étude sera de préciser les choix technlogiques nécessaires en matière de robotique militaire terrestre. Il s’agira aussi de « monter en maturité les technologies utilisées » et de commencer l’élaboration d’une doctrine d’emploi des robots au profit de l’armée de Terre.

Photo : Marc Scudeletti / Safran

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