Le Qatar négocie l’achat du système russe de défense aérienne S-400 « Triumph »

En matière de défense aérienne, le Qatar est déjà bien équipé, notamment avec les systèmes américains Patriot PAC-3 et THAAD (Terminal High Altitude Area Defense), lesquels viennent s’ajouter à d’autres équipements du même type à la portée plus courte. Pour autant, et à première vue, Doha considère que ce n’est pas suffisant.

En octobre 2017, à l’occasion d’un déplacement à Doha de Sergueï Choïgou, le ministre russe de la Défense, le Qatar et la Russie ont convenu de renforcer leurs liens militaires, en particulier dans le domaine de la défense aérienne, via un « mémorandum d’entente » portant également sur des « fournitures d’armes ».

Aussi, l’annonce faite ce 25 janvier par l’ambassadeur du Qatar en poste à Moscou n’est donc pas surprenante. Selon ses propos rapportés par l’agence TASS, Fahad bin Mohammed Al-Attiyah a déclaré que son pays mène des négociations pour acquérir des batteries de défense aérienne russe S-400 « Triumph ». Et les discussions seraient même à un « stade avancé ».

Comment les systèmes américains (voire européens) et russes pourront fonctionner ensemble? La question se posera également pour l’Arabie Saoudite qui, en octobre dernier, a également dit envisager d’acquérir des batteries S-400 alors que sa défense aérienne repose sur les Patriot PAC-3 et, prochainement, sur le THAAD. Même chose pour la Turquie, qui a fait un choix identique, malgré les problèmes d’interopérabilité avec l’Otan, et qui, par ailleurs, dispose d’une base militaire au Qatar.

En froid avec les autres monarchies du Golfe arabo-persique en raison de ses relations avec l’Iran (dont la Russie est proche) et de son soutien aux Frères musulmans (d’où ses liens avec la Turquie du président Recep Tayyip Erdoğan), le Qatar se cherche des soutiens avec son carnet de chèque. C’est ce qui explique probablement sa frénésie d’achat d’avions de combat auprès des États-Unis (F-15), de la France (Rafale) et du Royaume-Uni (Eurofighter Typhoon). Sans doute que la logique est la même avec Moscou, avec ces négocations autour du système S-400.

Cela étant, ce rapprochement entre le Qatar et la Russie n’était pourtant pas évident il y a encore quelques années, tant les sujets de discorde étaient nombreux, notamment au sujet de la Syrie ou, au début des années 2000, de la Tchétchénie, l’émirat ayant été accusé de financer les groupes armés tchétchènes. Mais les intérêts économiques (voire stratégiques) ont visiblement eu raison de ces différends.

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