La modernisation des forces britanniques doit tenir compte de la menace russe, prévient le chef de la British Army

Bien que disposant d’un budget annuel équivalent à 2% du PIB, les forces armées britanniques devront probablement faire face à des ruptures capacitaires dans un avenir relativement proche étant donné que leurs ressources ne leur permettent pas de financer l’ensemble des moyens dont elles ont besoin. Le renouvellement des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (classe Dreadnought), la construction de deux porte-avions (classe Queen Elizabeth) et l’acquisition d’avions de combat F-35 pèsent en effet lourdement…

Au cours des 10 prochaines années, le ministère britannique de la Défense (MoD) aura à trouver 20 milliards de livres sterling (22,7 milliards d’euros au cours actuel) pour financer ses principaux programmes d’équipements.

Alors qu’une revue stratégique est en cours, le ministre de la Défense, Gavin Williamson, s’efforce de convaincre Philip Hammond, l’un de ses prédécesseurs devenu aujourd’hui « Chancelier de l’Échiquier » [ministre des finances, ndlr], afin d’obtenir davantage de marges de manoeuvre.

Pour cela, explique la presse d’outre-Manche, M. Williamson encourage les hauts responsables militaires à monter au créneau, en s’exprimant publiquement, afin de faire valoir ses arguments en faveur d’un maintien de l’effort de défense britannique.

C’est ainsi que le général Nick Carter, l’actuel chef d’état-major de la British Army et sans doute le futur chef d’état-major des armées britanniques, doit prononcer un discours, ce 22 janvier, devant le Royal United Services Institute (RUSI), un centre d’étude spécialisé dans les questions militaires, basé à Londres. Le contenu de cette intervention a été rendu public à l’avance par le MoD.

Le discours du général Carter n’est pas sans rappeler la teneur de la nouvelle stratégie de défense des États-Unis, dévoilée, dans ses grandes lignes, le 19 janvier. Cette dernière met notamment l’accent sur la nécessité de moderniser les forces américaines, estimant que leur « avantage compétitif diminue dans tous les domaines – aérien, terrestre, marin, spatial et cyberespace – et ne cesse de diminuer » par rapport à leurs homologues russes et chinoises. En conséquence, la « guerre contre le terrorisme » ne sera plus leur première priorité.

Le chef de la British Army ne dit pas autre chose quand il concentre son propos sur les capacités militaires russes. « La concurrence entre États a pris une forme nouvelle et nous devons être prêts à y faire face », estime-t-il.

« Les menaces auxquelles nous sommes confrontés ne sont pas à des milliers de kilomètres mais sont maintenant aux portes de l’Europe. Nous avons vu comment la guerre informatique peut être menée sur le champ de bataille et perturber la vie des gens. Au Royaume-Uni, nous ne sommes pas à l’abri de cela », prévient le général Carter.

« Il faut réagir à ces menaces maintenant, nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre sans rien faire », ajoute-t-il, après avoir souligné le fait que la Russie « développe des forces armées de plus en plus agressives », qu’elle a « démontré en Syrie sa capacité à utiliser des missiles à longue portée de haute technologie » et qu’elle a effectué, l’an passé, de vastes manoeuvres militaires ayant simulé des attaques dans la région de la Baltique.

« Notre capacité à préempter les menaces ou à y réagir sera diminuée si nous ne nous maintenons pas au niveau de nos adversaires », fait valoir le général Carter. « Nous devons prêter attention à ce qui se passe autour de nous ou bien notre capacité d’action sera massivement réduite », avertit-il. Et d’ajouter : « La rapidité de la prise de décision, la rapidité de déploiement et des capacités modernes sont essentielles si nous voulons avoir une dissuasion réaliste. »

Le discours du général Carter rejoint celui qu’avait prononcé, également devant le RUSI, en décembre dernier, l’Air Chief Marshal Stuart Peach, le chef d’état-major des forces armées britanniques. « En plus de ses nouveaux navires et sous-marins, la Russie continue de perfectionner ses capacités non-conventionnelles et la guerre de l’information. Par conséquent, nous devons continuer à développer nos forces navales avec nos alliés pour égaler la modernisation de la flotte russe », avait-il plaidé, en évoquant « vulnérabilité des câbles [sous-marins] face au risque de sabotage russe ».

Photo : Char Challenger (c) British Army

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