La Turquie a lancé l’opération « Rameau d’olivier » contre les milices kurdes syriennes à Afrin

Après avoir préparé le terrain avec des tirs d’artillerie et des raids aériens, les forces turques ont lancé, le 20 janvier, l’opération « Rameau d’olivier » dans le secteur d’Afrin (nord de la Syrie), contrôlé par les milices kurdes syriennes (YPG), considérées à Ankara comme terroristes en raison de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation à l’origine d’une rébellion en Turquie.

A priori, le volet terrestre de cette opération, commandée par le général Metin Temel, concerne essentiellement les combattants de groupes rebelles syriens (ils seraient 5.000) soutenus par Ankara. Ces derniers devraient être appuyés par des commandos des forces spéciales turques.

Les milices kurdes syriennes constituent l’épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS), lesquelles sont soutenues par la coalition dirigée par les États-Unis dans le combat contre l’État islamique (EI ou Daesh).

L’état-major turc a précisé que cette opération est conforme « au droit international, aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies concernant la lutte antiterroriste et à l’article 51 de la Charte de l’ONU sur le droit de légitime défense. »

L’offensive en direction d’Afrin s’explique par le fait que ce secteur est le maillon faible des milices kurdes syriennes. Situé au nord-ouest de la Syrie, ce secteur est isolé du reste des territoires contrôlés par ces dernières. En outre, il se trouve dans la zone d’influence russe.

En mars 2017, un porte-parole des YPG avait fait état d’un accord sur l’implantation d’une base russe à Afrin. Ce qui avait été démenti par Moscou. « Nous n’avons pas de projet de déploiement de nouvelles bases militaires en Syrie » mais « une antenne du Centre pour la réconciliation des parties en conflit sera implantée dans la province d’Alep, près d’Afrin, à la ligne de contact des groupes de volontaires kurdes et des unités de l’Armée syrienne libre (ASL) contrôlées par la Turquie », avait alors expliqué l’état-major russe.

Peu après le début de l’opération « Rameau d’olivier », la Russie a fait part de sa « préoccupation » et appelé à « la retenue ». Quant aux forces russes présentes à Afrin, elles ont été « retirées » vers la zone de désescalade de Tal Rifaat, « afin d’empêcher l’éventuelles provocations et exclure toute menace contre la vie et la santé des militaires russes. »

Cela étant, l’offensive turque ne peut pas avoir été lancée sans le consentement de la Russie dans la mesure où ses forces contrôlent l’espace aérien d’Afrin. En outre, l’état-major russe a fait porter la responsabilité de la situation aux États-Unis, accusés d’avoir « provoqué une réaction extrêmement négative d’Ankara » avec leurs « livraisons incontrôlables d’armes » aux milices kurdes, dont le rôle a pourtant été déterminant dans la défaite militaire de l’État islamique.

Par ailleurs, Ankara a affirmé avoir informé Damas de son opération. « Nous avons informé toutes les parties de ce que nous faisons. Nous informons même le régime syrien par écrit », a en effet indiqué Mevlut Cavusoglu, le ministre turc des Affaires étrangères. Ce que les autorités syriennes ont démenti.

« La Syrie nie complètement les allégations du régime turc selon lesquelles il l’a informée de cette opération militaire », a déclaré une source au sein du ministère des Affaires étrangères syrien, citée par l’agence de presse officielle Sana. Cette dernière a également « condamné fermement la brutale agression de la Turquie sur Afrine, qui est une partie intégrante du territoire syrien ».

Le 18 janvier, le ministre adjoint des Affaires étrangères syrien, Fayçal Mekdad, avait prévenu que l’aviation syrienne abattrait tout avion militaire turc repéré dans son espace aérien… Une menace restée sans effet, au regard des derniers développements.

Cela étant, l’agence de presse turque Anadolu prétend que le « régime de Bachar el-Assad a permis » aux miliciens kurdes de « transférer de l’aide à Afrin », via la « route Nubul Zahra, qui lie le centre d’Alep à Afrin ». Pour le moment, cette information reste à confirmer.

Alors que l’opération « Rameau d’olivier » commençait, il a été annoncé que les 500 premiers combattants appelés à former une force frontalière de 30.000 hommes venaient d’achever, près de Hassaké, une formation de trois semaines, assurée par la coalition anti-EI et les Forces démocratiques syriennes (FDS).

« Les membres de cette force seront déployés du nord-est du pays jusqu’au nord-ouest, tout le long de la frontière avec la Turquie, dans des territoires contrôlés par les Kurdes », a expliqué Kani Ahmed, un cadre des FDS, à l’AFP. « Leur mission est de protéger la frontière, surtout des menaces venant de la Turquie et de ses mercenaires », a-t-il ajouté.

« Les formateurs venaient de la coalition et avaient beaucoup d’expérience. Nous avons appris de nombreuses tactiques de combat », a précisé Amer al-Ali, un combattant arabe.

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