Suède : Les civils vont recevoir un livret pour se préparer à l’éventualité d’une guerre

L’ambassade russe au Royaume-Uni n’a pas apprécié la communication du ministère britannique de la Défense (MoD) au sujet de l’interception par une patrouille d’Eurofighter Typhoon de la Royal Air Force (RAF) de deux bombardiers stratégiques [ayant une capacité nucléaire, ndlr] Tu-160 « Blackjack » en mer du Nord.

« Nous considérons cette déclaration comme un exercice de relations publiques destiné à démontrer une certaine ‘agressivité’ supposée de la Russie », a en effet répondu un porte-parole de l’ambassade. « Les avions russes effectuent des vols de routine dans l’espace aérien international. […] Cela ne semble pas effrayant ou intéressant pour le public », a-t-il ajouté. Sauf que le vol d’un bombardier stratégique n’a rien d’anodin à telle enseigne que Moscou fait exactement la même chose quand un avion américain (ou de l’Otan) de ce type s’approche de sa zone d’intérêt. Par ailleurs, la Belgique (mais aussi la France) ont aussi communiqué sur la présence de ces deux Tu-160 « Blackjack ».

Quoi qu’il en soit, la Suède, qui ne fait pas partie de l’Otan, s’inquiète des visées de la Russie. Surtout depuis l’annexion de la Crimée, en mars 2014. Les incidents aériens et navals se sont multipliés, ces dernières années. En avril 2015, les ministres de la Défense des pays scandinaves plaidèrent pour un renforcement de leur coopération afin de faire face à une situation sécuritaire « sensiblement dégradée » en raison de l’activité militaire accrue de la Russie dans leur environnement immédiat.

La Russie est prête « à utiliser des moyens militaires pour atteindre ses objectifs politiques, même en violation des principes du droit international », avaient-ils alors avancé.

Dans ces conditions, la Suède a revu sa politique de défense. Le budget de ses armées a été revu à la hausse, le service militaire a été rétabli, la stratégique île de Gotland a vu revenir des soldats, des manoeuvres d’une ampleur inégalée depuis 25/30 ans ont été organisées et l’industrie de défense a été reprise en main. Fin 2017, un rapport, intitulé « Résilience », a souligné qu’une « attaque » contre le pays (via une force armée) ne pouvait « pas être exclue ».

Le document a donc confirmé le concept de « défense totale » et recommandé une meilleur articulation entre les forces armées et les moyens de sécurité civile ainsi de faire en sorte que « chaque Suédois soit préparé à gérer ses propres besoins et soins pendant une semaine sans le soutien du gouvernement. »

Ces propositions visent à améliorer « les capacités et l’endurance de la défense dans son ensemble » pour « gérer les attaques armées et les guerres sur le territoire suédois », a résumé le gouvernement suédois.

Visiblement, il n’était pas question de perdre du temps. En effet, les autorités suédoises vont bientôt envoyer une brochure à 4,7 millions de foyers suédois afin de leur expliquer comment se comporter en cas de conflit.

Intitulé « Si la crise ou la guerre vient », ce livret donnera des instructions détaillées sur les moyens de satisfaire les besoins élémentaires (trouver de l’eau et de la nourriture, se chauffer) ainsi que sur l’attitude à avoir en cas de cyberattaques. La dernières fois qu’une telle initiative a eu lieu en Suède remonte à… 1961.

« Toute la société doit être préparée à un conflit, pas seulement l’armée », a expliqué Christina Andersson, responsable de ce projet à l’agence gouvernementale suédoise de prévoyance civile. « Nous n’avons pas utilisé de mots tels que défense totale ou haute alerte depuis 25-30 ans ou plus. Donc, les connaissances parmi les citoyens sont très faibles », a-t-elle ajouté.

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