Le ministère des Armées espère réduire la facture des opérations extérieures

Même s’il augmente de 1,8 milliards d’euros en 2018, puis de 1,7 milliards par an jusqu’en 2022, le budget des Armées restera insuffisant pour financer l’ensemble des besoins exprimés par les chefs d’état-major. Et sauf à accentuer l’effort par la suite, l’objectif d’atteindre les 50 milliards d’euros de crédits (hors pensions, hors opex) d’ici 2025, comme s’y était engagé le président Macron, paraît compromis.

Entre le renouvellement des véhicules blindés de l’armée de Terre (programme Scorpion), la révision à la hausse du format de l’aviation de chasse (avec, en prime, l’impérieuse nécessité d’accroître les moyens en matière de ravitaillement en vol et de transport aérien, sans parler des moyens de renseignement) ou encore le lancement d’un second porte-avions, la mise en service de nouveaux patrouilleurs (BATSIMAR) et l’objectif de disposer de 18 frégates, l’exercice revient, pour schématiser, à vouloir faire entrer plusieurs édredons dans une valise… Et encore, on ne parle pas de la modernisation des deux composantes de la dissuasion nucléaire.

D’autant plus que l’idée du gouvernement est de faire supporter une part de plus en plus importante des surcoûts liés aux opérations extérieures au budget des Armées (à hauteur de 1,1 milliards en 2020, contre 450 millions en 2016 et 650 millions en 2018), afin de limiter le recours au traditionnel financement interministériel en fin de gestion.

Dans ces conditions, il est facile de comprendre que réduire la facture des opérations extérieures donnerait une marge de manoeuvre supplémentaire aux Armées.

« Barkhane va entamer sa mue, au Levant, nous finissons les combats contre Daesh », a ainsi souligné Florence Parly, la ministre des Armées, lors de ses voeux à la presse, le 16 janvier. Aussi, il est probable que les surcoûts des opérations extérieures seront moins importants en 2018. L’an passé, ils avaient atteint près de 1,5 milliard d’euros.

« Au Levant, on est dans une phase où la partie territoriale du combat s‘achève. Ce n‘est pas tout à fait terminé, il reste des poches de résistance, mais on va continuer à réajuster le dispositif », explique le ministère des Armées, selon l’agence Reuters.

Quant à l’opération Barkhane, sa « mue » reste à préciser. Elle devrait se faire en fonction de la Force conjointe du G5 Sahel et aussi des contributions européennes. L’Italie a ainsi annoncé son intention d’envoyer 450 soldats au Niger après avoir revu son dispositif en Irak et le Royaume-Uni, d’après The Times, envisagerait de s’impliquer davantage aux côtés de son partenaire français, notamment dans le domaine des drones (et les MQ-9 Reaper de la Royal Air Force ont l’immense avantage d’être déjà armés). L’on en saura plus à l’issue du sommet franco-britannique de Sandhurst, le 18 janvier.

« Il y a bien sûr des inconnues, mais le ‘surcoût Opex’ devrait sans doute se réduire cette année en raison de la révision Chammal », espère-t-on au ministère des Armées, toujours d’après la même source. Qui plus est, une implication moins importante des forces françaises ne pourrait que faciliter leur « régénération », notamment pour ce qui concerne leurs équipements. C’est d’ailleurs l’une des priorités de Mme Parly (et de la future Loi de programmation militaire, qui sera dévoilée le 7 février prochain).

Seulement, l’expérience impose la prudence. Fin 2012, alors que l’engagement militaire de la France en Afghanistan allait prendre fin, on parlait du concept de « betteravisation » pour l’armée de Terre, lequel voulait illustrer la fin d’une période de 20 années d’opérations extérieures… Il était alors question d’un « recentrage » sur le territoire national (qui a quand même eu lieu avec Sentinelle). Finalement, cette idée n’aura pas vécu longtemps : en janvier 2013, la France lançait l’opération Serval au Mali…

Photo : État-major des armées

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