L’armée de l’Air retire ses quatre drones MALE Harfang du service

Il aura, malgré lui, illustré les tergiversations françaises en matière de drones MALE (moyenne altitude longue endurance). Le Harfang, qui a quand même rendu de bons services en Afghanistan et au Mali, a tiré sa révérence, à l’issue d’une d’une cérémonie organisée le 8 janvier sur la base aérienne 709 de Cognac-Châteaubernard.

Quand, au début des années 2000, il était question de remplacer les drones Hunter alors en service, deux projets étaient en concurrence. L’un, appelé « Horus » et porté par Sagem et l’américain General Atomics, visait à « franciser » le MQ-1 Predator, qui n’allait pas tarder à faire parler de lui. L’autre, défendu par Airbus (ex-EADS), reposait sur une solution israélienne qui, plus tard, aboutira donc au « système de drones intérimaire », basé sur le Harfang.

Nul ne sait ce qu’aurait donné le choix du drone Horus… En revanche, celui du Harfang n’aura pas été des plus heureux. Attendu en 2003, cet appareil fut finalement mis en service cinq ans plus tard, « essentiellement parce que la difficulté technologique avait été sous-estimée » (*) et que les États-Unis refusèrent d’autoriser l’utilisation de certains composants.

Par ailleurs, et alors qu’initialement, le coût de cette opération avait été estimé à 100 millions d’euros environ, il fallut dépenser plus de quatre fois plus (440 millions), comme l’avait souligné, en 2014, le Comité des prix de revient des fabrications d’armement (CPRA).

« La réalisation représente 163 millions d’euros, le soutien réalisé près de 100 millions, et les coûts de soutien et d’utilisation jusqu’en 2017 sont évalués à 120 millions », avait détaillé le document. Quand à l’industriel, il effectua « plus de 130 millions d’euros de dépenses propres, sans compter 18,5 millions d’euros qu’il [dut] acquitter au titre de pénalités de retard ».

Quoi qu’il en soit, mis en oeuvre par l’escadron de drones 1/33 Belfort, le Harfang a été engagé en Afghanistan en 2009, en Libye (2011) puis au Mali. Cet appareil a également été sollicité pour des missions intérieures de surveillance, comme en 2016, lors de l’Euro de football. « Ce système aura totalisé 15440 heures de vol sans aucun accident », a précisé l’armée de l’Air.

Désormais, le 1/33 Belfort mettra en oeuvre uniquement des MQ-9 Reaper, dont les performances sont sans commune mesure avec celles du Harfang. Pour le moment, cinq ont été déployés à Niamey, au titre de l’opération Barkhane et un sixième est basé à Cognac.

« L’escadron de drones 1/33 Belfort et le Reaper ont encore de belles pages à écrire et de nombreux défis à relever. Demain le Reaper français sera en mesure, avec son armement, de mieux protéger les troupes amies au sol et de traiter directement des cibles à caractère fugace. Le retrait du Harfang libère de la place pour l’arrivée des six drones Reaper block 5 supplémentaires à partir de 2019 et les 180 aviateurs à l’ED seront 320 au moins en 2020 », a fait valoir le général Éric Charpentier, commandant la brigade aérienne de l’aviation de chasse (BAAC).

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]