Yémen : Le rebelles Houthis menacent de bloquer la navigation maritime en mer Rouge

En novembre, après le tir d’un missile balistique en direction de l’aéroport de Riyad, la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite accentua son blocus du Yémen, où elle mène une opération militaire pour soutenir les troupes du président Abdrabbo Mansour Hadi, aux prises avec des rebelles Houthis, liés à l’Iran.

Si, depuis, il a été partiellement assoupli (du moins en théorie), ce blocus a eu pour conséquence une réduction des livraisons de l’aide humanitaire destinée aux civils yéménites. D’où la menace de Saleh al-Samad, le chef politique des rebelles Houthis. Le 8 janvier, il a ainsi averti que ces derniers envisageaient, parmi des « options stratégique », de « couper la circulation sur la mer Rouge » si le blocage des ports et des aéroports yéménites n’était pas levé par la coalition arabe.

« Ils traversent nos eaux avec leurs navires alors que notre peuple meurt de faim », a dénoncé M. al-Samad, via un communiqué diffusé par la chaîne de télévision (rebelle) al-Masirah. « Mais s’ils sont prêts à reprendre les négociations, nous le sommes aussi », a-t-il ajouté, après une réunion avec Muin Shreim, l’envoyé-adjoint des Nations unies au Yémen.

Ces propos n’ont pas manqué de faire réagir. « La menace ouverte des rebelles à la navigation internationale dans la mer Rouge est une preuve de leur nature terroriste », a ainsi commenté Anwar Gargash, le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, lesquels sont membres de la coalition sous commandement saoudien.

La mer Rouge est une voie de passage essentielle pour le trafic commercial maritime, en particulier pour ce qui concerne les hydrocarbures (3,8 millions de barils de pétrole brut par jour). Outre les monarchies sunnites du golfe arabo-persique, un blocus aurait des conséquences non seulement sur les échanges entre les pays occidentaux et l’Asie mais aussi sur l’Égypte, qui bénéficie de royalties avec le canal de Suez.

Cela étant, Saleh al-Samad n’a pas précisé comment les rebelles Houthis s’y prendraient pour mettre leur menace à exécution. Pour cela, il faudrait bloquer le détroit de Bab el-Mandeb, qui sépare Djibouti du Yémen.

Par le passé, les rebelles Houthis ont attaqué plusieurs navires militaires (ou affrétés pour la logistique), dont le navire à grande vitesse de type catamaran HSV-2 Swift, loué par la National Marine Dredging Company des Émirats arabes unis, une frégate saoudienne et le destroyer américain USS Mason. Des bâtiments civils ont également été visés mais un doute subsiste sur l’identité de leurs assaillants (Houthis ou pirates somaliens).

« De récentes attaques contre des navires marchands dans le Golfe d’Aden et le détroit de Bab al-Mandeb ont mis en évidence le fait qu’il existait encore des risques associés au transit par ces eaux », avaient d’ailleurs prévenu, en juin 2017, les Combined Maritime Forces (CMF), qui, sous commandement américain, réunissent trois « forces opérationnelles combinées », à savoir les CTF-150, CTF-151 et CTF-152, et dont les moyens sont fournis par 31 pays.

L’on sait que les rebelles Houthis disposent de missiles antinavires probablement fournis par l’Iran. Mais cela reste insuffisant pour bloquer totalement le détroit de Bab el-Mandeb (il faudrait des avions et des navires), d’autant plus que la France et les États-Unis disposent de bases à Djibouti et que des chasseurs de mines sont régulièrement déployés dans la région. En outre, l’Égypte et l’Arabie Saoudite ne manqueraient pas de réagir.

En revanche, une perturbation – ponctuelle – de la navigation maritime paraît plus crédible. Le trafic pourrait s’en trouver réduit, avec à la clé une hausse des montants des primes d’assurance.

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