La très récente frégate Bade-Württemberg déçoit la marine allemande

En 2007, le ministère allemand de la Défense a confié au consortium ARGE F125, emmené par TKMS et comprenant les chantiers navals Blohm+Voss et Lürrsen, le soin de construire quatre nouvelles frégates de type F-125 afin de remplacer les 8 navires de type 122 alors en service au sein de la Deutsche Marine. Le tout pour un montant initial de 2,2 milliards d’ euros.

Le concept de la frégate F-125 peut sembler curieux. Affichant un déplacement deux fois plus imposant que ceux du type 122 (7.200 tonnes contre 3.680) et armé par deux fois moins de marins (l’automatisation étant extrêmement poussée), ce bâtiment est conçu pour effectuer des déploiements dans des zones de crise pendant de longues périodes (jusqu’à 24 mois).

D’une longueur de 150 mètres pour 19 mètres de large, cette frégate peut naviguer à la vitesse de 26 noeuds grâce à son système de propulsion CODLAG, doté de quatre moteurs diesel, de deux moteurs électriques et d’une turbine à gaz.

Outre le fait que sa conception doit lui garantir une importante survivabilité, sa particularité est que ses capacités en matière de lutte anti-sous-marine sont quasiment inexistantes (elles reposent sur ses deux hélicoptères embarqués). Idem pour sa défense contre les menaces aériennes, cette dernière étant basée sur deux systèmes RIM-116 « Rolling Airframe Missile » (RAM) d’une portée de 9 km.

En revanche, la frégate F-125 est relativement bien dotée en matière d’artillerie, avec une tourelle Light Weight de 127 mm fourni par Oto Melara et ayant une portée de 70 km. Elle est également armée par 8 missiles anti-navires Harpoon (pouvant éventuellement être utilisés contre des cibles côtières), de 5 mitrailleuses de 12,7 et de 2 canons de 27 mm téléopérés.

Alors que, ces dernières années, l’Otan prévient de la hausse de l’activité des sous-marins russes dans l’Atlantique-Nord, cette imposante frégate (qui pourrait entrer dans la catégorie des destroyers) est taillée pour des missions d’action vers le littoral, de contre-terrorisme et de lutte contre la piraterie et les trafics. D’ailleurs, pour cela, elle est théoriquement capable d’accueillir 50 commandos marin et 4 embarcations rapides. Théoriquement car il n’est impossible que cette capacité serve à éventuellement accueillir des marins supplémentaires pour mettre en oeuvre ce navire.

La première frégate de la série, le Baden-Württemberg, a été livrée à la Bundeswehr en novembre 2016. Et, visiblement, ses essais en mer n’ont pas été concluants puisque la Deutsche Marine l’a renvoyée au chantier Blohm+Voss pour régler des problèmes de conception.

Selon une information repérée dans la presse allemande par le site spécialisé Mer et Marine, la frégate Baden-Württemberg aurait des problèmes informatiques concernant son système de combat et présenterait une gîte anormale de 1,3° sur tribord. En outre, le navire serait trop lourd de 178 tonnes par rapport à son cahier des charges, ce qui est de nature à compliquer l’éventuel ajout de capacités supplémentaires à l’avenir (comme un sonar, par exemple).

D’après la presse d’outre-Rhin, c’est la première fois que l’agence allemande d’acquisition de matériel de défense [BAAINBw] refuse un navire peu après sa livraison pour des problèmes de conception. Il est espérer que ces derniers soient des aléas inhérents à la mise au point d’un nouveau bâtiment… Car trois autres frégates du même type doivent être livrées d’ici 2020. Pour le moment, on ignore quand le Baden Württemberg sera en mesure de reprendre la mer.

« Ce nouveau problème vient s’ajouter à la série des augmentations de coûts et des retards qui ont accompagné la classe F-125 », a souligné l’heddomadaire Stern. « Avant l’échec du ‘Baden Württemberg’, il a déjà été signalé qu’un sous-marin allemand n’est opérationnel et que la moitié des chars Leopard attendent une réparation », a-t-il rappelé.

Photo : Ein Dahmer, via Wiki Media

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