Barkhane : D’après un rapport des Nations unies, la situation sécuritaire se dégrade au Mali

La création de la Force conjointe du G5 Sahel, soutenue par la France, permettra-t-elle de renverser la tendance au Mali et, plus largement, dans la bande sahélo-saharienne? En tout cas, au regard de la situation décrite dans le dernier rapport trimestriel [.pdf] remis au Conseil de sécurité par Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, la tâche s’annonce très compliquée.

Ainsi, ce document indique que les « conditions de sécurité se sont dégradées au Mali » et que les « attaques contre la MINUSMA [Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali, ndlr] et les forces de défense et de sécurité maliennes ont augmenté en nombre et en intensité. »

Aussi, le rapport en conclut que les organisations jihadistes, en particulier le « Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans » (GSIM), créé en mars 2017 par la fusion de plusieurs entités (Ansar Dine, katiba d’AQMI, al-Mourabitoune, etc), semblent « avoir renforcé leurs capacités opérationnelles et élargi leur zone d’opérations. »

La situation est préoccupante dans les régions de Mopti et de Ségou, où il y a eu « davantage d’actes terroristes que dans l’ensemble des cinq régions du nord de Mali ». Le rapport précise qu’elles ont été « particulièrement touchées par l’intimidation et le prosélytisme agressif des éléments terroristes envers les civils. »

Pour ce qui concerne les régions de Gao et de Ménaka, le rapport du secrétaire général de l’ONU se veut prudent sur l’origine des attaques qui y ont été commises. Si certaines ont été revendiquées par le GSIM, d’autres sont « peut-être le fait de l’État islamique du Grand Sahara », lit-on dans le document. « La MINUSMA a reçu des informations selon lesquelles les deux groupes agissaient en parallèle et probablement en collaboration », y est-il précisé.

Au total, au cours du dernier trimestre 2017, 71 attaques attribuées aux groupes terroristes sévissant au Mali ont été constatées (37 contre forces maliennes, 31 contre la MINUSMA, 2 contre un groupe armé signataire et 1 contre la force Barkhane). Soit 18 de plus par rapport « à la période précédentes ». En outre, 11 Casques bleus y ont laissé la vie et la mission des Nations unies a perdu en moyenne environ deux véhicules blindés de transport de troupe par mois.

S’agissant particulièrement de la région de Mopti, le rapport explique que les groupes armés radicaux prennent « le contrôle de zones de plus en plus étendues, imposant un dogme religieux extrémiste, menaçant les civils de violence s’ils coopèrent avec les autorités maliennes et répondant dans certains cas à la résistance par de violentes représailles. » Et d’ajouter : « Leurs attaques répétées contre les autorités civiles maliennes montrent également leur intention de saper l’autorité de l’État. » D’autres cas similaires ont été signalés dans la région de Tombouctou.

Cela étant, et selon les données collectées par le site Long War Journal, 276 attaques ont été attribuées aux groupes jihadistes au Mali, au Niger et au Burkina Faso sur l’ensemble de l’année 2017, soit 19 de plus rapport à 2016. Ce qui tend à montrer que ces organisations terroristes ont maintenu leur « tempo » opérationnel au cours de ces derniers mois.

« Sur les 276 attaques, 71 ont été commises avec des engins explosifs improvisés (IED) et 24 ont été des tirs de mortiers ou de roquettes contre des bases militaires françaises, maliennes ou des Nations Unies dans le nord du Mali », détaille Long War Journal, qui fait aussi état de 11 enlèvements et de deux attentats suicides (dont un particulièrement meutrier commis à Gao). Le reste (168 cas) ont consisté à mener des assauts (comme contre le campement Kangaba, Bamako, en juin 2017 ou à Ouagadoudou, en août) et des embuscades ou bien encore à commettre des assassinats.

Photo : État-major des armées (EMA)

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