Lutte contre le terrorisme : Les États-Unis suspendent leur assistance sécuritaire au Pakistan

Le président Donald Trump, n’aura pas tardé à mettre sa menace à exécution. Le 4 janvier, Washington a en effet annoncé le gel de l’assistance sécuritaire dont bénéficiait jusqu’à présent le Pakistan au nom de la « guerre contre le terrorisme ».

« Les États-Unis ont bêtement donné 33 milliards de dollars d’aide au Pakistan ces 15 dernières années, et ils ne nous ont rien donné en retour si ce n’est des mensonges et de la duplicité, prenant nos dirigeants pour des idiots. Ils abritent les terroristes que nous chassons en Afghanistan, sans grande aide. C’est fini! », avait en effet déclaré M. Trump, dans l’un de ses premiers « tweets » de l’année.

Après les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis et le Pakistan nouèrent un partenariat stratégique pour combattre les groupes terroristes. Pour Washington, il s’agissait ainsi de compter sur Islamabad pour les opérations en Afghanistan (le territoire pakistanais étant essentiel pour en assurer la logistique) et de disposer de bases afin de pouvoir mettre en oeuvre des drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) pour les frappes ciblées contre les dirigeants d’al-Qaïda.

Seulement, même s’il a effectivement arrêté des membres de l’organisation d’Oussama ben Laden (comme Khalid Cheikh Mohammed, le « cerveau » présumé des attentats du 11 septembre 2001) et été endeuillé par une vague d’attentats meutriers, le Pakistan est régulièrement accusé d’instrumentaliser la mouvance jihadiste au gré de ses intérêts, que ce soit en Afghanistan ou dans la région du Cachemire. Ainsi, l’Inter-Service Intelligence (ISI), le puissant service de renseignement pakistanais, est notamment soupçonné d’avoir des liens avec le réseau Haqqani et, plus généralement, le mouvement taleb afghan.

Signe de la défiance de Washington à l’égard d’Islamabad, les autorités pakistanaises (ou du moins l’armée) n’aurait pas été prévenues de l’opération Geronimo, menée par les Navy Seals américains contre le repaire de Ben Laden à Abbottabad…

Par ailleurs, et de l’aveu même de Pervez Musharraf, l’ex-président pakistanais tombé en disgrâce, les fonds alloués par les États-Unis au Pakistan au nom de la guerre contre le terrorisme aurait servi à financer le programme nucléaire du pays.

Quoi qu’il en soit, trois jours à peine après la menace de M. Trump, le département d’État a donc suspendu les centaines de millions de dollars d’aides destinés au Pakistan. Le paiement de 255 millions avait d’ores et déjà été gelé en 2017.

« Jusqu’à ce que le gouvernement pakistanais prenne une action décisive contre les talibans afghans et le réseau Haqqani – nous considérons que [ces derniers] déstabilisent la région et visent le personnel américain [au Pakistan] -, les Etats-Unis vont suspendre ce type d’assistance sécuritaire », a expliqué Heather Nauert , une porte-parole de la diplomatie américaine.

« Les Etats-Unis sont prêts à travailler avec le Pakistan dans la lutte contre tous les terroristes, sans distinction », a continué Mme Nauert. Aussi, ces fonds pourraient être débloqués si Islamabad « prenait des mesures » contre les groupes jihadistes qui menacent l’Afghanistan. Et de préciser que, pour le moment, les États-Unis « ne livreront pas d’équipement militaire ou ne transféreront pas de fonds liés à la sécurité au Pakistan à moins que cela ne soit légalement requis ».

Ayant fortement réagi après le « tweet » de M. Trump, les autorités pakistanaises ont été plus mesurées (pour le moment, du moins) après cette annonce de Washington. « Nous sommes liés à l’administration américaine dans la coopération en matière de sécurité et attendons plus de détails », a rappelé le ministère pakistanais, via un communiqué. « Des délais arbitraires, des déclarations unilatérales et des objectifs changeants sont contre-productifs pour faire face à des menaces communes », a-t-il fait valoir.

En Afghanistan, la décision américaine a été bien accueillie. « Cela fait des années que nous disons que notre voisin le Pakistan fournit des sanctuaires aux groupes terroristes et qu’il finance aussi des groupes terroristes. […] Nous saluons cette annonce », a commenté Nasrat Rahim, le porte-parole adjoint du ministère afghan de l’Intérieur.

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