Yémen : La Norvège suspend ses ventes d’équipements militaires aux Émirats arabes unis

Depuis septembre 2014, les forces loyales au président yéménite Abdrabbo Mansour Hadi sont aux prises avec les rebelles Houthis, suspectés d’être soutenus par l’Iran. Et cela a conduit à l’intervention, en mars 2015, d’une coalition dirigée par l’Arabie Saoudite. Dans le même temps, al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) et la branche yéménite de l’État islamique (EI) cherchent à avancer leurs pions.

Après plus de 1.000 jours d’un conflit qui risque de prendre une toute autre ampleur à cause de la rivalité entre les monarchies sunnites et l’Iran, les Nations unies ont donné le bilan faisant étant de plus de 10.000 tués, dont la moitié seraient des civils.

Outre les conséquences des combats, cette guerre a provoqué la « pire crise humanitaire de la planète », due en grande partie à un blocus imposé par la coalition arabe. Depuis avril 2017, il est estimé que plus de 2.000 personnes sont mortes du choléra (sur près d’un million de cas suspectés, selon la Croix-Rouge). Une épidémie aggravée par le fait que deux millions et demi d’habitants sont privés d’eau potable. Au total, à en croire l’ONG Acted, 21 millions de Yéménites ont besoin d’une aide humanitaire, dont 10 millions en urgence.

Le 19 décembre, 350 personnalités ont signé un appel en faveur d’un « cessez-le-feu immédiat », de la « levée de tous les blocages à l’acheminement de nourriture, de carburant et de fournitures médicales » et de la « mise en place d’un nouveau processus de paix inclusif auquel participent activement les femmes, les jeunes et la société civile dans sa diversité. »

S’il souligne que « toutes les parties au conflit se sont livrées à des attaques répétées contre des civils, dans une impunité presque totale », cet appel a été adressé aux États-Unis, à la France et au Royaume-Uni, pays qui, selon les signataires, ont « une responsabilité particulière, en tant que membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et principaux fournisseurs d’armes de l’Arabie Saoudite et des Emirats arabes Unis. »

« Ils ont le devoir d’utiliser tous les moyens à leur disposition pour contraindre leurs partenaires dans la région de mettre fin à la crise. Au lieu d’attiser les flammes d’une guerre qui étrangle toute une population et risque de déstabiliser la région entière, ils pourraient être les artisans de la paix », insiste le texte de cet appel.

C’est donc dans ce contexte que la Norvège a annoncé, ce 3 janvier, avoir décidé de suspendre ses exportations d’équipements militaires à destination des Émirats arabes unis, craignant que ces derniers puissent être utilisés au Yémen

Les Émirats arabes unis tiennent un rôle important au sein de la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite, notamment contre les jihadistes d’AQPA. À cette fin, les troupes émiraties ont pu compter sur un appui des forces spéciales américaines, comme l’avait indiqué, en août dernier, un porte-parole du Pentagone.

Quoi qu’il en soit, le ministère norvégien des Affaires étrangères a tenu à souligner qu’il n’existe « pas de preuve que les armes fournies aux Émirats soient utilisées au Yémen. » Toutefois, a-t-il ajouté, il y a « un risque que cela soit le cas. »

En 2016, les exportations norvégiennes d’équipements militaires à destination des Émirats arabes unis, unis ont quasiment doublé, passant de 4,1 à 8 millions d’euros. Ce qui reste très modeste par rapport aux autres fournisseurs de cette monarchie du Golfe.

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