Pour un ex-chef d’état-major américain, les États-Unis et la Corée du Nord « n’ont jamais été aussi proches » d’une guerre nucléaire

Si, lors de ses voeux, s’est montré plutôt conciliant à l’égard de la Corée du Sud en disant espérer « sincèrement que les Jeux Olympiques d’hiver de Pyeongchang seront menés avec succès », le chef du régime nord-coréen, Kim Jung-Un a une nouvelle fois affirmé les ambitions de son pays dans le domaine du nucléaire.

En 2017, la Corée du Nord a réussi une percée majeure avec le tir de trois missiles balistiques intercontinentaux, ce qui met désormais le territoire américain à sa portée. Et c’est sans compter sur un sixième essai nucléaire, d’une puissance jusqu’alors jamais inégalée. Dans le même temps, le Conseil de sécurité des Nations unies a renforcé, à trois reprises, les sanctions prises à son égard. Mais cela ne semble pas perturber outre mesure Kim Jung-Un…

« Nous devons produire en masse des têtes nucléaires et des missiles et accélérer leur déploiement », a en effet affirmé le chef du régime nord-coréen, qui a répété que son pays avait atteint le but d’accéder au statut de puissance nucléaire.

« Nous devons toujours nous tenir prêts à mener des contre-attaques nucléaires immédiates contre les projets ennemis de guerre nucléaire », a ajouté Kim Jung-Un. La Corée du Nord « peut affronter n’importe quelle menace nucléaire des États-Unis, elle dispose d’une (force de) dissuasion forte qui est capable d’empêcher les États-Unis de jouer avec le feu », a-t-il insisté.

Et de prevenir Washington : « Le bouton nucléaire est toujours sur mon bureau. Les États-Unis doivent prendre conscience que ce n’est pas du chantage mais la réalité. »

Sans doute qu’il y a une part d’esbroufe dans les propos de Kim Jung-un. Ou pas… En effet, il reste une incertitude sur la capacité des missiles nord-coréens à emporter une tête nucléaire suffisamment miniaturisée. Même chose pour ce qui concerne la technologie des matière de technologie de rentrée des ogives dans l’atmosphère.

Curieusement, le président américain, Donald Trump, d’habitude si prompt à réagir, n’a pas surenchéri, a tardé à répondre à Kim Jung-Un, ces premier « tweets » de l’année ayant concerné les émeutes en Iran et le Pakistan. Toutefois, il a vu dans le ton concililant adopté par le maître de Pyongyang à l’égard de Séoul un effet des « sanctions et autres pressions ».

« Les soldats [nord-coréens] fuient vers la Corée du Sud. Le « rocket man » [homme fusée] veut maintenant parler avec la Coré du Sud pour la première fois. C’est peut-être une bonne nouvelle. Peut-être pas. Nous allons voir! », a « tweeté » M. Trump.

Cela étant, le 31 décembre, l’ancien chef de l’état-major interarmées américain, l’amiral Mike Mullen, s’en est pris à la politique suivie par le locataire de la Maison Blanche sur le dossier nord-coréen.

La présidence Trump « est incroyablement déstabilisante et certainement imprévisible », a en effet déclaré l’amiral Mullen, qui fut chef d’état-major entre octobre 2007 et septembre 2011. « Le président a clairement choisi de déstabiliser (…) et créer une grande incertitude », a-t-il ajouté.

Selon Mike Mullen, cela n’est pas sans conséquence. « Ceux qui sont nos amis depuis de nombreuses années se posent des questions sur la fermeté de nos engagements envers eux, envers leur région et envers les qualités de leaders dont nous avons fait preuve ces sept dernières années et les institutions qui nous importent », a-t-il expliqué. Aussi, a-t-il continué, « nos ennemis, ceux qui nous veulent du mal, semblent pouvoir tirer profit de cette incertitude. »

« Il y a une atmosphère extrêmement dangereuse dans toute cette incertitude, sur la façon dont tout ceci va se terminer, et notamment (…) avec la Corée du Nord », a encore dit l’amiral Mullen. « Nous n’avons, à mon avis, jamais été aussi proches d’une guerre nucléaire avec la Corée du Nord et dans la région. […] Et je ne vois pas comment on pourrait résoudre tout ceci par la voie diplomatique à ce stade », a-t-il conclu.

L’amiral Mullen n’est pas le seul à penser qu’une guerre dans la péninsule coréenne est probable à court terme. Parmi les 8 principales menaces à surveiller pour l’année 2018, le Council on Foreign Relations a placé le risque d’une confrontation militaire avec la Corée du Nord à la première place.

Comme l’a récemment rappelé le quotidien Suisse Le Temps, Mark Fitzpatrick, spécialiste des questions nucléaires au sein de l’Institut international d’études stratégiques de Londres, estime qu’il y a 50% de chances qu’une « guerre mettant en cause la Corée du Nord soit déclenchée au cours de l’année 2018. »

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