Washington prévient Damas : s’en prendre aux Kurdes syriens serait une « erreur »

Pour le moment, les forces gouvernementales syriennes, appuyées par l’aviation russe, mènent une offensive au sud de la province d’Idleb, largement contrôlée par la coalition jihadiste Hayat Tahrir al-Cham et d’autres groupes islamistes. D’ailleurs, un avion syrien (un L-39 Albatros?) y a été abattu le 26 décembre. Mais que se passera-t-il ensuite?

Le 18 décembre, le président syrien, Bachar el-Assad, a sans doute levé le voile sur ses intentions. « Lorsqu’on parle de ceux qu’on appellent ‘les Kurdes’, ce ne sont pas juste des Kurdes. Tous ceux qui travaillent pour le compte d’un pays étranger, notamment sous commandement américain sont des traîtres », a-t-il en effet lancé.

Au début de la guerre civile syrienne, en mars 2011, les Kurdes (15% de la population) n’ont pas pris parti entre le régime et les rebelles. Attaqués par l’État islamique (EI ou Daesh) à Kobané, en septembre 2014, ils ont été soutenus par la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis quand d’autres attendaient l’arme au pied.

Puis, toujours avec l’appui de la coalition, les Kurdes, intégrés aux Forces démocratiques syriennes, ont continué le combat, remportant des succès militaires importants face à Daesh, comme récemment à Raqqa. Et, les circonstances aidant, ils ont fini par établir une autonomie de facto dans les territoires passés sous leur contrôle dans le nord-est du pays, ce qui a d’ailleurs poussé la Turquie à intervenir avec son opération « Bouclier de l’Euphrate », en août 2016.

Cela étant, il n’est visiblement pas question pour les États-Unis de « lâcher » les Kurdes syriens, sans lesquels la fin du califat autoproclamé par Daesh n’aurait sans doute pas été possible.  »

« Nous avons une ligne de démarcation » entre les zones contrôlées par les FDS, dans l’est de la Syrie, et celles contrôlées par le régime de Damas, dans l’ouest du pays, a rappelé, le 29 décembre, James Mattis, le secrétaire américain à la Défense. « Ce serait une erreur » de franchir cette ligne. […] Nous avons une ligne de démarcation et c’est comme ça », a-t-il ajouté.

Actuellement, Damas contrôle 55% du territoire syrien tandis que les Kurdes en contrôlent 28%.

Par ailleurs, la mission des militaires américains déployés sur le territoire syrien (et dont la présence durera « aussi longtemps que nécessaire ») « va évoluer et passer d’une approche de saisie de territoire à une approche de stabilisation », a expliqué M. Mattis, pour qui « beaucoup de travail reste à faire pour empêcher l’émergence d’un EI 2.0 ». En clair, il s’agit d’éviter de voir l’organisation jihadiste exploiter à nouveau les fractures communautaires en Irak et en Syrie et mener des actions de guérilla et de terrorisme.

Quoi qu’il en soit, l’année 2018 s’annonce aussi compliquée que les précédentes en Syrie. Dans un message adressé à son homologue syrien, le président russe, Vladimir Poutine, a assuré que la Russie « continuera d’apporter toute son assistance à la Syrie dans la protection de sa souveraineté, de son unité et de son intégrité territoriale. » Ce qui concerne potentiellement les Kurdes syriens…

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