Les exercices militaires chinois représentent une « énorme menace » pour Taïwan

Mouvement d’humeur par rapport à un éventuel changement de doctrine à l’égard de Taipeh de la part de l’administration américaine? Conséquence de l’arrivée au pouvoir de la présidente Tsai Ing-wen, élue sur la base d’un programme en rupture avec la politique pro-Chine menée par son prédécesseur? Ou préparation d’une possible invasion? Toujours est-il que depuis le début de cette année, Pékin a accentué sa pression militaire sur Taïwan en envoyant, en janvier, son groupe aéronaval naviguer au large de cette île considérée comme « rebelle » depuis 1949 et en multipliant les exercices aériens dans la zone d’identification de la défense aérienne (ADIZ) taïwanaise.

Aussi, dans son 14ème rapport de la défense nationale publié ce 26 décembre, Taipeh considère que l’enchaînement des manoeuvres militaires chinoises dans son environnement proche constitue une « énorme menace » à sa sécurité.

Rien que pour cette année, l’aviation militaire chinoise a effectué pas moins d’une vingtaine d’exercices près de Taïwan, le dernier remontant au 20 décembre. Ce jour-là, plusieurs avions de l’Armée populaire de libération (APL) ont survolé le canal de Bashi, au sud de l’île, et accompli un aller-retour entre la mer de Chine méridionale et l’océan Pacifique.

Le rapport rappelle une évidence : Taïwan ne fait pas le poids face à la puissance militaire chinoise.

« La Chine a acquis la capacité d’exécuter des opérations maritimes et aériennes à grande distance, et elle pousse la portée de sa projection de force vers les zones situées à l’ouest de la deuxième chaîne d’îles », indique le document. La deuxième chaîne d’île fait référence à l’archipel des Bonin (ou d’Ogasawara) ainsi qu’aux îles Mariannes.

Aussi, comme le relève Feng Shih-kuan, le ministre taïwanais de la Défense, les forces armées du pays « sérieusement révisé et élaboré un plan pour développer leurs capacités de guerre asymétrique afin de décourager les avancées de l’armée chinoise ». Cela passe par la mise en place d’une « défense en profondeur », la protection des infrastructures de commandement et de contrôle contre les cybermenace et la nécessité de « durer ».

En effet, l’état-major taïwanais estime qu’une éventuelle attaque chinoise pourrait se dérouler selon trois scénarios : des tirs de missiles destinés à réduire toute défense, un blocus et une opération amphibie.

Le rapport propose ainsi un ajustement de la stratégie taïwanaise en mettant l’accent sur le renforcement des capacités défensives des forces aériennes et navales. Il s’agit, précise-t-il, de « préserver les forces pour gagner des batailles décisives dans les eaux littorales et anéantir la tête de pont de l’ennemi ».

Pour cela, les forces taïwanaises devront se doter de munitions guidées, de missiles antichars, de contre-mesures électroniques, de système anti-aériens portatifs (MANPADS), de navirer rapides multirôles, de capacités de minage et de drones.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]