Actuellement, la Royal Navy ne peut déployer qu’un seul navire de guerre de premier rang

Si vous cherchez les 6 destroyers de type 45 et 12 des 13 frégates de type 23 de la Royal Navy, vous n’aurez aucune difficulté : tous ces navires sont actuellement au port, que ce soit à Portsmouth ou à Plymouth. Une situation sans précédent, voire une première en 500 ans d’histoire, a commenté le quotidien The Times, qui a révélé cette information.

Alors que, normalement, au moins un navire de premier rang de la Royal Navy devrait être déployé dans le golfe arabo-persique, seule la frégate HMS St Albans est en mission… dans les eaux territoriales britanniques. Le destroyer HMS Diamond, qui aurait dû partir pour le Moyen-Orient, est immobilisé à Portsmouth depuis le début de ce mois à cause d’un problème sur l’une de ses hélices.

Aucun bâtiment de premier rang n’est actuellement déployé dans l’Atlantique Sud. Et le patrouilleur HMS Protector, engagé dans les opérations de recherche concernant le sous-marin argentin ARA San Juan, ne peut évidemment pas entrer dans cette catégorie.

« La Royal Navy est déployée à l’échelle mondiale pour ses opérations et protègera nos intérêts nationaux tout au long de Noël et du nouvel an », a voulu rassurer un porte-parole du ministère britannique de la Défense (MoD). Le fait est. Hormis les sous-marins, 13 bâtiments sont en mission, dont ceux de la Royal Fleet Auxiliary et les chasseurs de mines. Mais ces derniers ne sont pas considérés, à l’image du HMS Protector, comme des navires de guerre de premier rang.

Selon un officier de haut rang interrogé par le Times, cette situation, du moins celle des destroyers, s’expliquerait par une « combinaison de problèmes mécaniques, d’entretien de routine et d’une pénurie de main-d’oeuvre avec la nécessité de laisser partir les marins en permission pour Noël ».

Quant aux frégates, dans le détail, les HMS Iron Duke, HMS Kent, HMS Lancaster, HMS Monmouth, HMS Northumberland et HMS Montrose sont en maintenance, tandis que les HMS Portland, Richmond et Somerset manquent de marins. Enfin, le HMS Sutherland se prépare pour un déploiement en Asie au début de l’année prochaine, de même que le HMS Argyll.

Président de la Royal Naval Association, le vice-amiral John McAnnaly a fait part de son accablement devant un tel tableau. « C’est une indication que la marine est trop petite pour répondre aux exigences du gouvernement. Je suis triste et alarmé. Je ne vois pas comment on peut y remédier facilement. La seule réponse est une augmentation du budget de la Défense », a-t-il dit au Times.

Selon un officier interrogé par le quotidien, cette situation est la conséquence de l’incapacité des gouvernements successifs à investir « des ressources suffisantes dans la défense. » Mais là n’est pas sans doute pas la seule explication. Les « financements innovants » dont a été si friand le MoD peuvent en constituer une autre.

Cela étant, en près de 40 ans, le format de la Royal Navy n’a cessé de se réduire comme une peau de chagrin. Au début des années 1980, elle comptait 13 destroyers et 53 frégates (et l’on ne parle pas des croiseur et des porte-avions). Dix ans plus tard, le nombre de frégates a été réduit à 35, puis à 21 en 2000 et 17 en 2010.

Les destroyers de type 45, pourtant récents, connaissent des problèmes de disponibilité (notamment au niveau de leur système de propulsion) et le retard pris pour le développement des frégates de type 26 implique que celles de type 23 resteront en service plus longtemps, avec un risque accru d’avaries.

Cette situation, inquiétante quand l’on sait que le Royaume-Uni est l’un des rares membres de l’Otan à dépenser 2% de son PIB pour sa défense, avait été rédoutée par les parlementaires britanniques, via un rapport publié en 2016. Selon eux, il faudrait doter la Royal Navy d’au moins 30 navires de premier rang afin de lui permettre de tenir tous ses engagements. D’autant plus que cette dernière devra trouver des ressources pour former au moins un groupe aéronaval afin d’accompagner le porte-avions HMS Queen Elizabeth ou son sister ship, le HMS Prince of Wales.

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