Les Airbus A340 de l’armée de l’Air pas assez « confortables » pour le Premier ministre?

Le voyage du Premier ministre, Édouard Philippe, en Nouvelle-Calédonie aurait dû être sans histoire. Sauf que, pour le retour en métropole, 350.000 euros ont été dépensés afin d’affréter un Airbus A340 de la compagnie Aero Vision pour effectuer la liaison entre Tokyo et Paris, alors qu’un avion du même type de l’escadron de transport 03.060 venait de transporter la délégation ministérielle de Nouméa au Japon…

D’où la polémique. Pourquoi, en effet, le Premier ministre n’a-t-il terminé son voyage à bord de cet A340 mobilisé par l’armée de l’Air? La réponse de Matignon a de quoi laisser songeur… Cet appareil, « assez ancien et sans sièges business, ne sert pas en temps normal à transporter ni des autorités militaires ni des membres du gouvernement en long courrier et de nuit. » En clair; il n’était pas assez confortable (en revanche, il l’est bien assez pour les militaires qui l’utilisent pour partir en opex et pour en revenir).

Invité à s’expliquer sur les ondes de RTL, M. Philippe a repris cet argument. « Je suis parti en vol commercial pour aller jusqu’à Tokyo et puis ensuite de Tokyo à Nouméa, j’ai utilisé un A340 de l’armée de l’Air, qui n’est pas conçu pour des vols long courrier d’ailleurs. Et qui n’est pas utilisé pour des déplacements ministériels. Mais je l’ai utilisé parce qu’il se trouve qu’en l’occurrence, c’était pratique et moins cher. Je l’ai réutilisé pour faire Nouméa-Tokyo. Et à Tokyo, on a utilisé un vol qui été affrété », a-t-il dit.

En outre, M. Philippe a mis en avant le fait qu’il devait être à Paris pour un Conseil de défense avant le départ du président Macron pour l’Algérie. « On savait qu’il n’y avait pas de vol commercial à l’heure où on allait rentrer. Et on savait qu’il fallait rentrer pour un élément impératif qui est que le président partait le mercredi matin de notre retour », a-t-il affirmé.

Sauf erreur sur le type d’avion mis à la disposition du Premier ministre par l’ET 03.060 Estérel, l’A340 est bel et bien un long-courrier, son autonomie étant d’environ 15.000 km. Dire que cet appareil n’a pas été conçu pour de tels vols ne peut convaincre personne…

« Par rapport à une compagnie civile, l’Estérel est très réactif, disponible. On peut réagir face aux événements qui peuvent se produire à travers le monde pour pouvoir emmener toutes les personnes d’alerte », expliquait, il y a quelques années, un pilote de l’ET 03.060. Donc, on peut supposer, sauf incident technique, que l’A340 de l’armée de l’Air aurait pu parfaitement transporter la délégation ministérielle pour qu’elle soit à Paris avant le départ de M. Macron.

Quant à l’argument consistant à dire que l’A340 de l’Estérel ne sert habituellement pas à transporter de « nuit » les autorités civiles et militaires, il est surprenant. D’autant plus que cet avion de l’armée de l’Air s’est posé, vide, à Paris, moins de deux heures après celui – de même type – affrété auprès d’Aero Vision.

Enfin, si le voyage retour du Premier ministre fait polémique, le voyage aller peut aussi donner lieu à des interrogations dans la mesure où il a lui même dit qu’il a effectué la liaison Paris-Tokyo à bord d’un vol commercial, avant de terminer son périple avec l’A340 de l’ET 03.060 Estérel.

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