Nouvelle brouille diplomatique entre la Moldavie et la Russie

Actuellement, l’attention se porte plutôt vers la Baltique et le sud-est de l’Ukraine (Donbass), où l’on surveille de près les intentions russes. Mais c’est peut-être en Moldavie qu’il pourrait se passer prochainement des choses… étant donné que Chisinau et Moscou se disputent au sujet de la Transnistrie et que l’opinion publique moldave est divisée entre la volonté de rejoindre l’espace euro-atlantique et le souhait d’un rapprochement avec la Russie.

Sur le plan politique, le président moldave, Igor Dodon, est clairement favorable à Moscou tandis que son gouvernement, dominé par le Parti démocratique affiche une orientation pro-Union européenne.

Quoi qu’il en soit, la question de la Transnistrie donne lieu à des relations tendues entre Chisinau et Moscou. En effet, quand la Moldavie accéda à son indépendance, au début des années 1990, un conflit éclata dans cette région massivement russophone. Ce qui motiva l’intervention de la 14e armée russe.

Les hostilités prirent fin avec un accord selon lequel les autorités moldaves renonçait à tout rattachement à la Roumanie en échange de la neutralité de la Russie et d’une large autonomie de la Transnistrie. Seulement, cette dernière proclama son indépendance et prit le nom de « République moldave du Dniestr. » Et, alors que les troupes russes devaient quitter cette région, elles y sont toujours…

Aussi, à Chisinau, certains craignent de voir la Transnistrie subir le même sort que la Crimée (ou de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud). D’autant plus que les responsables russes ont prévenu. « Je veux dire à tous qui ne pensent pas comme nous : il ne faut pas mettre son nez en Transnistrie (…), il ne faut pas faire augmenter les tensions, parce qu’il y a des citoyens russes qui habitent là-bas », avait ainsi affirmé, en 2014, Dmitri Rogozine, le vice-Premier ministre russe.

Au cours de ces trois dernières années, le gouvernement et le Parlement moldaves n’ont cessé de protester contre la présence militaire russe en Transnistrie. Est-ce la raison des intimidations dont certains ont fait état?

En tout cas, le 18 décembre, le gouvernement moldave a estimé que la coupe était pleine. Et Chisinau a ainsi rappelé son ambassadeur en poste en Russie, en expliquant qu’il s’agissait d’une « riposte » à des « cas d’intimidation » de responsables moldaves par les autorités russes.

« Le ministère des Affaires étrangères moldave a décidé de rappeler pour des consultations à Chisinau l’ambassadeur Andrei Neguta pour une période indéfinie », a en effet indiqué le ministère moldave des Affaires étrangères, via un communiqué. Cette décision est motivée par la « multiplication des cas d’intimidation de responsables et d’hommes politiques moldaves par les autorités russes », précise le texte, qui affirme par ailleurs que les demandes adressées à Moscou pour éclaircir ces affaires sont restées lettres mortes.

Cette décision risque de diviser le pays… Du moins, c’est ce que l’on peut penser après la réaction d’Igor Dodon. « C’est une provocation de plus du gouvernement proeuropéen visant à saper le partenariat stratégique entre nos pays », a réagi le président moldave, dont les pouvoirs sont limités.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]