La défense saoudienne a encore intercepté un missile lancé vers Riyad depuis le Yémen

Peu avant une présentation du budget saoudien pour 2018, ce 19 décembre, une puissante explosion a été entendue à Riyad. Une explication n’a pas tardé à être donnée : une batterie de défense aérienne Patriot venait d’intercepter un missile balistique qualifié d' »irano-houthi » par les autorités saoudiennes.

Dans le même temps, les rebelles Houthis qui, soutenus par l’Iran, sont aux prises, au Yémen, avec les troupes du président Abdrabbo Mansour Hadi, soutenues par un coalition dirigée par l’Arabie Saoudite, ont indiqué avoir lancé un missile « Burkan-2 » (encore appelé Volcano H2) en direction de Riyad, en réponse « aux crimes odieux causés par l’agression américano-saoudienne contre le peuple yéménite. »

L’objectif, a précisé le porte-parole des rebelles Houthis, n’était autre que le palais d’Al-Yamamah, c’est à dire la résidence officielle du roi saoudien, située dans la banlieue ouest de la ville. En clair, ce missile visait la réunion les responsables saoudiens, réunis pour la présentation du budget 2018.

Il s’agit de la seconde attaque tentée contre Riyad au moyen d’un missile balistique en un peu plus d’un mois. Le 4 novembre, un engin de ce type avait été apparemment intercepté par la défense saoudienne dans les environs de l’aéroport international King Khaled.

À l’époque, le prince héritier Mohammed ben Salmane avait évoqué une « agression militaire directe par le régime iranien » contre l’Arabie Saoudite, ce qui « pourrait être considéré comme un acte de guerre. »

Pour les autorités saoudiennes, comme pour leurs homologues américaines, il ne fait aucun doute que les missiles balistiques tirés par les rebelles Houthis sont d’origine iranienne. D’où les accusations à l’endroit de Téhéran.

Le 14 décembre, la représentante américaine auprès des Nations unies, Nikki Halley a ainsi présenté des « preuves irréfutables » de l’origine iranienne de ces missiles.

« Derrière moi se trouvent les débris récupérés du missile tiré par des combattants houthis du Yémen sur l’Arabie saoudite [le 4 novembre]. (…) Il a été fabriqué en Iran avant d’être envoyé à des rebelles houthis au Yémen », a ainsi affirmé Mme Halley, devant des composants de plusieurs missiles et de drones provenant de « récentes attaques contre des alliés des États-Unis dans la région. »

« Ceci n’est pas seulement une question d’accord nucléaire. C’est tout ce qu’ils font d’autre. L’Iran pense qu’il a tous les droits », a ajouté la diplomate américaine, en faisant référence à l’accord de Vienne, relatif au programme nucléaire iranien. « Vous allez voir ces armes, vous verrez qu’elles ont des marques partout qui montrent, sans le moindre doute, qu’elles sont fabriquées en Iran, envoyées par l’Iran et données par l’Iran », a-t-elle insisté.

En réponse, Téhéran a rejeté « catégoriquement » toutes ces accusations ‘infondées, irresponsables, provocatrices et destructives. »

Cela étant, ces missiles dont sont dotés les rebelles Houthis viennent bien de quelque part. Récemment, un rapport du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a souligné leur « origine commune », après l’examen des débris de deux engins tirés en direction de l’Arabie Saoudite respectivement le 22 juillet et le 4 novembre.

Pour Riyad, il s’agirait de débris provenant de missiles iraniens Qiam-1 (une variante du missile Scud, comme le Volcano H2). Or, dans le rapport du secrétaire général de l’ONU, on lit :

« Le Secrétariat a remarqué que les deux missiles avaient un diamètre semblable à celui des engins de type Scud et présentaient des similarités de structure et de fabrication faisant penser à une origine commune. Il a aussi noté que les marquages trouvés sur le missile indiquaient que le réservoir à oxydant était placé au-dessus du réservoir à carburant. Le Secrétariat a également remarqué que, sur le missile lancé le 4 novembre, une couche extérieure de peinture bleue recouvrait une peinture et un marquage semblables à ceux du missile du 22 juillet. Le Secrétariat a été informé de l’absence d’ailerons parmi les éléments retrouvés. Il a remarqué que le reste des plaques de montage à l’arrière du missile du 22 juillet donnaient à penser que celui-ci n’était pas empenné. Le Secrétariat a remarqué trois actionneurs portant un logo identique à celui de l’entreprise Shahid Bagheri Industrial Group, une filiale inscrite sur la liste tenue en application de la résolution 2231 de l’Organisation des industries aérospatiales de la République islamique d’Iran. D’après les autorités saoudiennes, ces trois actionneurs appartenaient au missile du 4 novembre. Le Secrétariat est encore en train d’analyser les informations recueillies et, si nécessaire, fera rapport au Conseil en temps voulu. »

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