Thales s’offre Gemalto pour créer un géant mondial de la sécurité numérique

L’entreprise Gemalto, spécialiste de la sécurité numérique, suscite les convoitises, d’autant plus qu’elle a connu une année difficile, avec une baisse de son chiffre d’affaires dans ses deux activités historiques (les cartes SIM et bancaires). En France, elle vient d’ailleurs d’engager un plan de suppression de 10% de ses effectifs.

Ainsi, le 11 décembre, le groupe informatique français Atos a indiqué avoir fait une offre de 4,3 milliards d’euros, payable en « cash », pour prendre le contrôle de Gemalto, né en 2006 après la fusion de Gemplus avec Axalto et de Gemplus.

« Nous partageons le même ADN. Nous sommes deux groupes d’ingénieurs. Il y a une très grande complémentarité entre nos activités », avait alors expliqué Thierry Breton, le Pdg d’Atos.

Seulement, pour les actionnaires de Gemalto, l’offre faite par le groupe informatique (46 euros par action) était insuffisante. D’où son rejet. C’est alors que le groupe d’électronique de défense Thales s’est invité dans les débats.

Au cours des ces trois dernières années, Thales n’a cessé de se renforcer dans la sécurité numérique et les technologies pleines de promesses, comme l’intelligence artificielle et le big data en investissant plus d’un milliard d’euros pour racheter plusieurs entreprises (Sysgo, Guavus, Vormetric). Aussi, Gemalto ne pouvait que l’intéresser.

Et c’est ainsi que, le 17 décembre, Thales a annoncé l’acquisition de Gemalto, au prix de 51 euros par action. Ce qui valorise le numéro un mondial des cartes SIM à environ 4,8 milliards d’euros. Une offre que la direction de ce dernier a estimé plus convenable que celle faite par Atos.

« L’acquisition de Gemalto marque une étape clé dans la mise en oeuvre de la stratégie de Thales. Avec l’équipe de direction de Gemalto, nous avons de grandes ambitions fondées sur une vision partagée de la transformation numérique de nos métiers et de nos clients », a expliqué Patrick Caine, le Pdg du groupe d’électronique de défense.

Pour Philippe Vallée, le directeur général de Gemalto, il a fait part de sa « conviction que l’arrivée de Gemalto au sein de Thales est le choix le plus porteur et le plus pertinent pour (son) entreprise, ses collaborateurs, ses clients, ses actionnaires et ses autres parties prenantes. »

Dans un communiqué, Thales fait valoir que l’intégration de Gemalto est une « accélération majeure » de sa stratégie et qu’elle lui permettra de renforcer « son offre numérique sur ses cinq marchés (aéronautique, espace, transports terrestres, défense et sécurité. »

« Cette nouvelle activité représentera environ 20% du chiffre d’affaires pro forma du groupe et se classera parmi les trois principaux acteurs mondiaux avec 3,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur le marché en forte croissance de la sécurité numérique », ajoute Thales.

« En intégrant les activités de sécurité numérique d’envergure mondiale de Gemalto, Thales offrira une solution complète pour sécuriser l’ensemble de la chaîne de décision critique dans un environnement numérique, de la génération de données par des capteurs jusqu’à la prise de décision en temps réel. Avec un portefeuille de technologies innovantes sans égal, Thales sera dans une position unique pour offrir aux entreprises et aux administrations une réponse adaptée aux enjeux de la sécurité des données, qui est au cœur de la transformation numérique », souligne encore le groupe présidé par Patrick Caine.

La marque « Gemalto » n’est pas appelée à disparaître. Mais elle opérera « en tant qu’une des sept activités mondiales de Thales », laquelle sera dirigée par Philippe Vallée.

Ce rapprochement entre Thales et Gemalto donnera lieu à une force de frappe accrue en matière de recherche et développement (R&D). « L’ensemble combiné emploiera plus de 28.000 ingénieurs, 3.000 chercheurs et investira plus de 1 Md€ en R&D autofinancée », avance le communiqué publié conjointement par les deux groupes.

Cela étant, cette opération n’est pas encore définitive. Selon les termes de l’accord, elle pourrait être remise en cause si une offre supérieure d’au moins 9% à celle de Thales est soumise au conseil d’administration de Gemalto dans les trois mois à venir.

Toutefois, le groupe d’électronique sera autorisé à « s’aligner sur ladite offre, « auquel cas Gemalto ne pourra pas mettre fin à l’accord de rapprochement. » Pour le moment, un tel scénario n’est pas envisageable, Atos ayant fait part de son intention de ne pas donner de suite son offre annoncée la semaine dernière.

Photo : Pxhere.com

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