Le chef de la marine argentine limogé pour la disparition du sous-marin ARA San Juan

N’ayant plus donné aucun signe de vie après avoir signalé une avarie sur l’une de ses batteries, le sous-marin argentin ARA San Juan demeure introuvable depuis le 15 novembre, malgré les moyens internationaux déployés pour tenter de le repérer.

Pourtant, le 11 décembre, une nouvelle piste avait été évoquée. « Nous analysons un nouveau point [de contact] situé à 1.000 mètres [de profondeur]. Les conditions ne sont pas optimales mais nous continuons à chercher », avait alors expliqué le porte-parole de la marine argentine.

Le scénario privilégié est que le sous-marin a été victime d’une explosion, probablement consécutive à une accumulation d’hydrogène due aux à ses batteries. Cela expliquerait le silence de sa balise de détresse et la rupture des communications du navire avec sa base, située à Mar del Plata.

Depuis l’annonce de la disparition du sous-marin, la communication de la marine argentine n’a pas toujours été à la hauteur, les familles des 44 membres de l’équipage ayant été connu des moments d’espoirs et de désillusions. Qui plus est, les informations ont été livrées au compte-gouttes. Il aura en effet fallu attendre cinq jours pour apprendre que le navire disparu avait fait état d’une avarie lors de sa dernière liaison avec la terre.

En outre, l’état du sous-marin, de type TR 1700, suscite des interrogations. De conception ancienne, il avait été mis en cale sèche pendant 6 ans pour être modernisé. Et lors de ces essais en mer, en 2014, il avait connu des problèmes électriques… Mais sur ce point, l’état-major argentin a fait valoir « qu’aucune unité n’appareillait si elle n’était pas en capacité de naviguer en toute sécurité. »

Mais plus généralement, les relations entre le pouvoir politique et les forces armées argentines sont souvent compliquées en raison d’une défiance mutuelle. Cela tient à leur rôle lors de la dictature militaire (1976-1983) et d’une certaine perte de crédit après la guerre des Falklands/Malouines.

« L’armée a été relégué au second rang dans les institutions argentines », a récemment résumé le sociologue argentin Ricardo Rouvier. Ce qui se traduit par des moyens d’autant plus restreints que la situation économique de l’Argentine n’est pas florissante.

Cela étant, l’opinion publique argentine, choquée par le sort de l’ARA San Juan, demande des comptes. Une enquête judiciaire pour « recherche de possibles actes illicites » afin d’établir les responsabilités a été ouverte. Et, sans attendre ses résultats, au moins deux hauts gradés ont déjà été relevés de leurs fonctions. Et un troisième vient de les rejoindre.

En effet, l’amiral Marcelo Srur, chef d’état-major de la marine argentine depuis janvier 2016, a été prié par Oscar Aguad, le ministre de la Défense, de quitter ses fonctions. « Votre retrait entrera en vigueur le lundi 18 décembre et votre successeur sera désigné le même jour », lui a-t-il écrit.

Selon la presse argentine, le gouvernement considère en effet que l’amiral Srur « n’a pas géré la crise avec professionnalisme et qu’il a dissimulé des informations clés. »

Outre le volet judiciaire, une commission d’enquête interne va également se pencher sur le sort de l’ARA San Juan. Elle comptera dans ses rangs le capitaine Jorge Bergallo, le père du commandant en second du sous-marin disparu.

Et il n’est pas exclu qu’une autre commission d’enquête, parlementaire cette fois, soit mise sur pied. C’est, en tout cas, le souhait des familles des 44 marins disparus.

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