La Chine ne tolérera pas la présence de navires de l’US Navy à Taïwan

L’an passé, alors qu’il ne s’était pas encore approprié le bureau ovale de la Maison Blanche, Donald Trump avait suscité la colère des autorités chinoises après avoir fait état d’un entretien téléphonique avec Tsai Ing-wen, la présidente taïwanaise. Pour Pékin, ce contact était de nature à remettre en cause le principe de « Chine unique » (ou d’une « seule Chine »).

Pour rappel, quand, en 1979, les États-Unis reconnurent officiellement la République populaire de Chine, ils s’engagèrent à rompre leurs relations diplomatiques avec Taïwan, île considéré comme rebelle à Pékin. Dans le même temps, le Congrès adopta le « Taiwan Relations Act » afin de donner un cadre aux rapports entre Washington et Taipeh. C’est sur la base de ce texte que les industriels américains de l’armement sont devenus les principaux fournisseurs des forces armées taïwanaises.

Cela étant, devant les réactions chinoises après a conversation téléphonique avec Tsai Ing-wen, M. Trump ne chercha nullement à calmer le jeu. « Je ne sais pas pourquoi nous devons être liés à la politique de la ‘Chine unique’, à moins que nous ne passions un accord avec la Chine pour obtenir d’autres choses, y compris sur le commerce », avait-il lancé lors d’un entretien donné à la chaîne de télévision Fox News.

Les jours suivants, Pékin fit mine d’accroître sa pression militaire sur Taipeh. D’abord en envoyant un importante formation d’avions militaires à proximité de l’espace aérien taïwanais. Puis en en faisant passer le porte-avions Liaoning (avec son escorte) dans le détroit de Taïwan.

Puis, hormis le feu vert donné, en juin, par l’administration américaine à une vente d’armes de 1,3 milliard de dollars à Taïwan, la pression était retombée.

Seulement, il y a quelques jours, M. Trump a signé le National Defense Authorization Act (NDAA). Ce texte a ainsi fixé le budget du Pentagone à 626,4 milliards de dollars (auxquels il faut ajouter 65,7 milliards pour les opérations extérieures) pour l’année fiscale 2018. Mais pas seulement puisqu’il contient aussi différentes dispositions devant s’appliquer aux forces américaines. C’est ainsi qu’un des articles donne la possibilité de rétablir des visites portuaires mutuelles entre les forces navales américaines et taïwanaises.

Une perspective qui, comme l’on peut s’en douter, n’enchante guère Pékin. « Il s’agit d’une ingérence dans les affaires intérieures de la Chine », a prévenu, ce 14 décembre, Lu Kang, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. « Nous faisons part de notre ferme opposition et avons protesté officiellement », a-t-il ajouté.

« Nous sommes fermement opposés à toute forme d’échange officiel et de liens militaires entre Taïwan et les Etats-Unis ainsi qu’à des ventes d’armes américaines à Taïwan », a encore insisté M. Lu.

Quelques jours plus tôt, Li Kexin, un diplomate de haut rang en poste à l’ambassade de Chine à Washington, s’est montré plus direct. Ainsi, il a prévenu que, le cas échéant, la Chine utiliserait la force si jamais des navires américains font relâche à Taïwan.

« Le jour où un vaisseau de l’US Navy arrive à Kaohsiung sera celui où notre Armée populaire de libération unifiera Taïwan [à la RPC] par la force », a-t-il déclarant, en citant le nom du principal port de l’ex-Formose. Et cela, dans le cadre d’une loi « anti-sécession » en vigueur en Chine.

Ce texte prévoit en effet de reprendre Taïwan par la force en cas de déclaration d’indépendance formelle ou bien d’intervention militaire extérieure.

Les propos du diplomate chinois n’ont nullement été démenti par Pékin. Le 11 décembre, ils ont même été salués par l’influent journal Global Times, qui suit la ligne éditoriale du Quotidien du Peuple, le journal officiel du Parti communiste chinois. « Les mots de Li ont envoyé un avertissement à Taïwan et ont tracé une ligne rouge claire », s’est félicité un éditorialiste.

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