Utiliser des rapaces pour neutraliser des drones légers : une fausse bonne idée?

En 2016, la police néerlandaise suscita un certain intérêt médiatique après avoir annoncé son intention d’utiliser des aigles dressés pour capturer des drones de loisir (ou légers) au-dessus des zones interdites ou d’accès restreint.

Cela eut un écho en France, après le survol de plusieurs installations nucléaires par des appareils de ce type. Et, en novembre 2016, l’armée de l’Air indiqua avoir acheté quatre aigles royaux en Autriche afin de les dresser pour faire la chasse aux drones indésirables. Le général Jean-Christophe Zimmerman, alors numéro deux du Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA), ne voyait que des avantages à utiliser de tels rapaces.

Ces aigles « peuvent détecter des drones à plusieurs milliers de mètres » avant de « les neutraliser », avait-il expliqué. En outre, ils « sont particulièrement adaptés au milieu urbain » où il « faut maîtriser la retombée du drone indésirable », avait-il ajouté.

Seulement, l’expérience de la police néerlandaise a, depuis, tourné court. En effet, cette dernière a décidé de se séparer de ses aigles car leur dressage s’est avéré plus cher et plus compliqué que prévu. Comme l’a expliqué la chaîne de télévision publique NOS, ces rapaces n’ont pas toujours réagi comme il était espéré. « Le comportement actuel des volatiles ne permet pas d’être certain de la façon dont ils réagiraient face à une foule », a en effet indiqué une source policière.

Une autre raison avancée est que les performances des drones légers ont évolué… Ce qui fait que les aigles auraient plus de difficultés à suivre leurs mouvements. En outre, des moyens techniques pour neutraliser ces appareils indésirables ont fait leur apparition. D’où une sollicitation moindre de ces rapaces.

Il est vrai que plusieurs entreprises ont planché sur les moyens de contrer les drones légers (et de loisir). Le groupe ADP (aéroports de Paris) et DSNA services (direction des services de la navigation aérienne) ont ainsi mis au point le système Hologarde, qui permet de détecter les appareils indésirables. Sous la houlette du Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale, trois dispositifs, appelés Angelas, Boreades et Spid, ont testés fin 2016. Ils permettent de détecter, d’identifier et de neutraliser tout engin potentiellement malveillant en combinant des capacités radar, optroniques, infrarouge et de brouillage.

Pour autant, faut-il abandonner l’idée d’utiliser des rapaces pour faire la chasse aux drones? Peut-être pas. L’US Air Force a commandé des recherches sur le faucon pélerin. Et les scientifiques ont observé que ce volatile se comporte comme un missile guidé (tel, par exemple, l’AIM-9 Sidewinder, à guidage infrarouge) quand il est en chasse, à la différence qu’il ajuste son angle d’attaque pour compenser une vitesse plus lente.

« Les faucons sont des prédateurs aériens agiles et rapides et le GPS et la caméra ont permis de montrer comment ces oiseaux interceptent des cibles mobiles qui ne veulent pas être attrapées. […] Et ce qui est remarquable, c’est qu’ils se comportent de la même manière que la plupart des missiles guidés », a en effet expliqué le professeur Graham Taylor du département de zoologie de l’Université d’Oxford, qui a participé aux recherches financées par l’US Air Force.

Pour autant, il n’est apparemment pas question pour les aviateurs américains d’utiliser des faucons pélerins étant donné que les rapaces sont motivés à chasser que quand ils ont faim ou quand ils doivent défendre leur territoire. « Les pales [des drones] constituent une menace pour leurs serres comme pour notre propres doigts », a précisé le professeur Taylor.

Aussi, les résultats de cette études serviront à mettre au point un drone devant reproduire un comportement identique à celui des faucons pélerins afin de sécuriser les zones sensibles.

Photo : via Wikipedia

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