Le Canada confirme l’achat d’avions F/A-18 Hornet d’occasion auprès de l’Australie

En 2010, le gouvernement canadien, alors dominé par les conservateurs, annonça son intention de commander 65 avions F-35A Lightning II pour remplacer les CF-18 Hornet de ses forces aériennes. Mais devant la polémique suscitée par ce choix, principalement nourrie par les coûts que supposait l’acquisition de ces appareils conçus par Lockheed-Martin, Ottawa changea ses plans en promettant un appel d’offres.

Puis, en 2015, le changement de majorité modifia la donne. Alors que le nouveau Premier ministre, Justin Trudeau, avait tiré à boulets rouges sur le F-35A durant la campagne électorale, l’ouverture d’un appel d’offres afin de moderniser l’Aviation royale canadienne fut confirmée. Seulement, les CF-18 Hornet arrivant au bout de leur potentiel, il fallait trouver une solution « intérimaire », étant donné que cette procédure allait prendre du temps.

D’où l’annonce, en novembre 2016, de la décision d’acquérir 18 F/A-18 Super Hornet auprès de Boeing, pour 5 milliards de dollars, afin d’éviter une « rupture capacitaire ». Cette « rustine » promettait d’être coûteuse, dans la mesure où le dernière version du F/A-18 est très différente des appareils jusqu’alors utilisés par l’Aviation royale canadienne. En clair, entretenir une « micro-flotte » revient toujours cher.

On en était là quand Boeing accusa son concurrent canadien Bombardier d’avoir bénéficié de subventions publiques afin de rendre plus compétitifs ses avions de la gamme CS Series. Ce qui aurait permis de remporter un important marché auprès de Delta Airlines, aux dépens du constructeur américain.

Et la menace d’Ottawa d’annuler sa commande de 18 F/A-18 Super Hornet fut sans effet… En septembre, Boeing eut gain de cause et les autorités américaines décidèrent d’appliquer à Bombardier des droits compensatoires de 300 % .

Ne pouvant se défausser, le gouvernement canadien mit sa menace à exécution. « Nous ne ferons pas affaire avec une compagnie qui s’acharne à nous poursuivre et à évincer du marché nos travailleurs de l’aéronautique », lança M. Trudeau.

Mais cela n’arrangeait pas les affaires de l’Aviation royale canadienne, menacée d’une rupture capacitaire. Et les solutions pour y remédier n’étaient alors pas nombreuses. Finalement, l’idée de se procurer des F-18 de seconde main fut avancée.

Ce projet s’est donc concrétisé le 12 décembre, avec l’annonce faite par le Canada de son intention d’acquérir 18 F/A-18 Hornet jusqu’alors utilisés par la Royal Australian Air Force (RAAF). Ces appareils seront livrés à l’Aviation royale canadienne à partir de 2019. Et il en coûtera environ 500 millions de dollars à Ottawa, soit 10 fois moins que ce qu’il aurait fallu débourser pour les 18 F/A-18 Super Hornet.

Comme elle doit être provisoire, cette solution est de bon sens, d’autant plus que, comme le gouvernement canadien l’a souligné, « ces appareils sont d’âge et de configuration similaires aux CF-18 de la flotte canadienne, et pourront donc être intégrés rapidement avec peu de mises à niveau, de formation et de modifications d’infrastructures. »

En outre, s’agissant de l’entretien, le communiqué diffusé par Ottawa précise que « le Canada fera aussi l’acquisition auprès du gouvernement australien de pièces de rechange pour maintenir en puissance les appareils supplémentaires et la flotte actuelle de CF-18 jusqu’à ce qu’une nouvelle flotte de chasseurs soit prête à l’action. »

Dans la foulée, le gouvernement canadien a lancé un appel d’offres en vue d’acquérir 88 nouveaux avions de combat « sophistiqués ».

« Les propositions feront l’objet d’une évaluation rigoureuse qui portera sur le coût, les exigences techniques ainsi que les retombées économiques. Comme il importe de faire affaire avec des partenaires de confiance, l’évaluation des propositions comprendra aussi un volet sur l’incidence des soumissionnaires sur les intérêts économiques du Canada », est-il précisé dans le communiqué.

Ce qui signifie que les constructeurs ayant nui aux intérêts canadiens n’auront que très peu de chances de remporter ce marché. « S’il est établi à l’évaluation des propositions qu’un soumissionnaire nuit aux intérêts économiques du Canada, ce soumissionnaire sera nettement désavantagé », insiste, en effet, le texte.

Photo : Caporal Jean-François Lauzé / Aviation royale du Canada

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