UE : La Coopération structurée permanente en matière de défense officiellement lancée avec 25 États membres

Le 13 novembre, les ministres des Affaires étrangères de 23 pays membres de l’Union européenne signèrent une « notification conjointe » en vue d’établir une Coopération structurée permanente (CSP ou PESCO pour Permanent Structured Cooperation) en matière de Défense. Un mois plus tard, cette initiative, « juridiquement contraignante », a été officiellement lancée à Bruxelles. Une « étape historique » pour certains observateurs.

Cette CSP, jusqu’alors délaissée alors qu’elle était prévue par les articles 42 et 46 du Traité sur l’Union européenne, concernera finalement 25 pays, l’Irlande et le Portugal ayant fait part de leur volonté d’y participer. Le Royaume-Uni, qui va quitter l’UE, Malte et le Danemark, qui bénéficie d’une clause d’exemption en matière de Défense, ne sont pas concernés.

L’objectif de la CSP est de donner à l’Union européenne davantage d’autonomie stratégique en matière de défense, dans un contexte marqué par l’affaire ukrainienne, le retour de la menace dite de la force, qui, comme l’avait dit Jean-Yves Le Drian quand il était à l’Hôtel de Brienne, doit « conduire les Européens à actualiser [leur] approche des questions de sécurité », la crise des migrants, le terrorisme ou encore l’incertitude provoquée par l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche.

La création effective de la CSP a été saluée par Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne. « En juin, j’ai dit qu’il était temps de réveiller la Belle au Bois Dormant du Traité de Lisbonne, c’est à dire la Coopération structurée permanente. Six mois plus tard, je me rejouis des mesures prises par les États membres pour jeter les base d’une Europe qui ne peut et ne doit pas sous-traiter sa sécurité et sa défense », a-t-il affirmé.

« Le Fonds européen de défense, que la Commission européenne a proposé, complétera ces efforts et agira comme une incitation supplémentaire à coopérer en matière de défense, avec des financements potentiels pour certains des projets présentés aujourd’hui », a encore ajouté l’ancien Premier ministre luxembourgeois.

Ce dernier a fait référence à 17 projets [.pdf] qui seront lancés dans le cadre de cette CSP. Parmi eux, l’on trouve notamment l’idée d’établir un commandement médical européen ainsi qu’un centre d’entraînement pour la préparation opérationnelle des militaires en vue d’un déploiement dans le cadre d’une mission de l’UE.

La France conduira un projet de « radiologiciels » (appelée ESSOR) communs aux pays participants tandis que l’Allemagne compte mettre sur pied un « noyau de réponse aux crises », censés accélérer le déploiement de troupes dans le cas où l’UE aurait à conduire une opération militaire d’urgence.

D’autres programmes concernent les drones sous-marins anti-mines (porté par la Belgique), la logistique, les véhicules blindés amphibies, le cyber, la surveillance maritime ou encore la logistique. Il est également question de favoriser les passages transfrontaliers de troupes en les simplifiant. Ce projet de « mobilité militaire », mené sous la houlette des Pays-Bas, fait écho à la récente création, par l’Otan, d’un nouveau commandement chargé d’améliorer « le mouvement de troupes et d’équipements au sein de l’Europe. »

Quant aux Fonds européen de défense, également évoqué par M. Juncker, il sera doté d’un milliard d’euros par an en 2020. Il servira à financer des projets des recherche mais aussi des achats communs. Une manne sur laquelle lorgnent les industriels américains de l’armement, comme l’a démontré le récent European Defense Industry Summit, en très grande partie financé par des entreprises d’outre-Atlantique (Raytheon, Bell Helicopters, United Technologies).

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