L’Eurofighter Typhoon a les faveurs du gouvernement allemand pour succéder au Tornado

Les négociations pour former une nouvelle coalition gouvernementale après les élections législatives organisées en septembre peinent à avancer en Allemagne. Et le gouvernement sortant, conduit par la chancelière Angela Merkel, gère les affaires courantes. Et le remplacement des chasseurs-bombardiers Panavia Tornado de la Luftwaffe à l’horizon 2025 fait partie de ces dernières.

S’il ne faut pas s’attendre à une décision sur ce dossier tant qu’une nouvelle équipe gouvernementale ne sera pas en place, il n’en reste pas moins que, au cours de ces derniers mois, Berlin a demandé à deux constructeurs américains des informations concernant le F-15 et le F/A-18 Super Hornet (Boeing) et le F-35A (Lockheed-Martin).

En novembre, le chef d’état-major de la Luftwaffe, le général Karl Müllner, n’a pas caché sa préférence pour le F-35A, qui, par ailleurs, doit équiper plusieurs forces aériennes européennes (Royaume-Uni, Italie, Pays-Bas, Danemark, Norvège). « Pour remplacer leurs Tornado, les forces allemandes ont besoin d’un avion de cinquième génération, difficile à détecter par les radars ennemis et capable de frapper des cibles à grande distance », a-t-il fait valoir.

Une telle perspective suscite de l’inquiétude chez Airbus Defence & Space. Ainsi, le directeur général de la branche « défense » du groupe européen, Dirk Hoke, a mis en garde contre un tel « palliatif » dans la mesure où il « remettrait en cause l’économie de l’ensemble du projet  » franco-allemand d’avion de combat, annoncé en juillet dernier. Et d’y voir un danger pour l’industrie aéronautique militaire européenne.

Mais les industriels ne sont pas les seuls à s’inquiéter des propos du chef de la Luftwaffe. Ainsi, l’eurodéputée écologiste Franziska Brantner a demandé au ministère allemand de la Défense des éclaircissements et s’il partage le point de vue du général Müllner. Et c’est le secrétaire d’État à la Défense, Ralf Brauksiepe, qui lui a répondu.

Ainsi, selon ce dernier, « le point de vue exprimé par le chef de la Luftwaffe sur le F-35 Lightning II, qui serait particulièrement approprié pour remplacer le Tornado n’est pas la position du gouvernement fédéral », lequel pencherait plutôt une version évoluée de l’Eurofighter Typhoon. Quant aux appareils américains, ils constitueraient une « option secondaire ». Toutefois, a précisé M. Brauksiepe, « aucune décision finale n’a été prise ». Elle le sera quand les évaluations des appareils possibles auront été faites.

L’Eurofighter Typhoon est déjà en service au sein de la Luftwaffe. Et l’inflation de ses coûts de maintenace a été sévèrement critiquée par la Cour fédérale des comptes allemande. En outre, l’Allemagne a réduit sa commande initiale de cet appareil (140 au lieu de 180). Enfin, pour qu’il puisse remplacer le Tornado, cet avion devra être en mesure d’emporter les bombes nucléaires tactiques B-61 mises à la disposition de l’Otan par les États-Unis.

Par ailleurs, le responsable allemand a confirmé l’intention de son pays de développer conjointement un avion de combat avec la France. « Ce projet est une étape importante dans la continuité de la coopération étroite et avant-gardiste entre ces deux nations pour l’Europe », a-t-il dit. « Le gouvernement fédéral est déterminé à promouvoir le développement d’un système d’armes commun », a-t-il ajouté.

Ce programme franco-allemand, qui doit, à terme, permettre le remplacement du Rafale et de l’Eurofighter Typhoon, doit faire l’objet d’une feuille de route qui devra être prête d’ici le printemps prochain. À condition de se mettre d’accord… Ce qui paraît compliqué, comme c’est actuellement le cas avec le projet de drone MALE européen (MALE RPAS), lancé par l’Allemagne, la France et l’Italie.

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