La Russie dit avoir entamé le retrait de Syrie d’une partie de ses troupes

Lors d’une visite surprise sur la base aérienne de Hmeimim, le 11 décembre, soit quelques jours après que Moscou a annoncé la « libération totale » du territoire syrien de l’emprise de l’État islamique (EI ou Daesh), le président Vladimir Poutine a dit avoir ordonné « de faire rentrer en Russie une partie significative du contingent militaire russe se trouvant en Syrie »,

Cette annonce faite par M. Poutine a été accueillie avec scepticisme à Washington. Non sans raison d’ailleurs. En mars 2016, le président russe avait dit exactement la même chose. Et la suite démontra le contraire car, en réalité, si des unités des forces armées russes furent désengagées de Syrie, d’autres, avec des capacités différentes, prirent leur place. Qui plus est, à l’automne 2016, la Russie engagea son unique porte-avions dans ses opérations militaires en Syrie.

En outre, Moscou dispose désormais de deux bases permanentes en Syrie. Ce qui permet aux forces russes de remonter facilement en puissance dans ce pays en cas de besoin. Une éventualité que n’a pas écarté M. Poutine. « Si les terroristes relèvent de nouveau la tête, alors nous les frapperons avec une force jamais vue », a-t-il en effet assuré.

Pour le Pentagone, l’annonce du retrait d’une « partie significative » du contingent russe vise à faire pression sur Washington, qui a affirmé que son engagement militaire en Syrie durerait « autant que nécessaire » afin d’éviter toute résurgence de l’EI. « Il est probable que Moscou exige dans la foulée que les Etats-Unis se retirent complètement de Syrie », a ainsi estimé un responsable américain, cité par l’AFP.

Quoi qu’il en soit, le désengagement annoncé par M. Poutine a d’ores et déjà commencé. Timidement. En effet, le ministère russe de la Défense a annoncé, ce 12 décembre, le retour, au Daguestan, d’une unité de police militaire.

« Le bataillon de police militaire du district militaire du sud [de la Russie], qui était déployé en République arabe syrienne, a été emmené par deux avions de transport militaire à l’aéroport de Makhatchkala [capitale du Daguestan, ndlr] », a fait savoir Moscou.

Outre cette unité, l’état-major russe a également indiqué que des bombardiers Tu-22M3, mobilisés pour les opérations en Syrie depuis un aérodrome située en Ossétie du Nord, ont rejoint leurs « bases permanentes ». Doit-on considérer ce mouvement comme un retrait?

Cela étant, le chef des forces russes en Syrie, le général Sergueï Sourovikine, a précisé que 23 avions et 2 hélicoptères, ainsi que des unités des forces spéciales, des démineurs et des médecins, allaient retourner en Russie. D’autres sources ont évoqué, auprès de la presse russe, le désengagement de « deux tiers du contingent et des équipements. »

Il est difficile d’avoir une idée exacte du volume des forces russe déployées en Syrie. Il est question de 4.000 à 5.000 militaires, dont 2.000 à 3.000 « conseillers » détachés auprès des troupes syriennes. Et c’est sans compter sur les employés des sociétés militaires privées russes, qui ne sont jamais officiellement évoqués.

Quant aux équipements, des bombardiers tactiques Su-24 et Su-34 ont été engagés, de même que des avions multi-rôles Su-30 et Su-35. Des hélicoptères d’attaque ont également été déployés. Mais on ignore combien. En revanche, il est quasiment certain que les systèmes de défense aérienne S-400 et S-300, installés respectivement à Hmeimim et à Tartous, c’est à dire sur les deux bases permanentes russes, resteront en Syrie.

Sollicité, la semaine passée, par l’AFP, au sujet d’un éventuel désengagement militaire russe de Syrie, Pavel Felgenhauer, spécialiste des questions de défense, s’est dit sceptique.

« Il y a une rotation permanente mais le contingent ne se réduit pas. Ces deux dernières années, on a entendu beaucoup d’annonces sur un retrait mais le résultat, c’est que le contingent a augmenté. Les bases vont rester, la Russie ne quittera pas la Syrie, ils (les militaires) ne se sont pas battus pour ça. Ils se sont battus pour rester », a estimé cet expert militaire russe.

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