L’engagement militaire de la France en Syrie se poursuivra jusqu’en février 2018

La semaine passée, et à l’issue d’opérations menées dans les secteurs de Boukamal et de Deir ez-Zor, le ministère russe de la Défense a affirmé que la Syrie est désormais « totalement libérée des combattants » de l’État islamique (EI ou Daesh).

« La mission de l’armée russe de défaire le groupe terroriste armé organisation de l’État islamique est accomplie », a fait valoir Moscou, qui continuera de disposer, en Syrie, de deux bases militaires (aérienne à Hmeimim et navale à Tartous).

Cela étant, ce n’est pas parce que l’EI ne contrôle plus aucun centre urbain que sa présence a été définitivement éradiquée, comme c’est le cas dans la vallée de l’Euphrate, où subsistent des poches de résistance. Ce qu’a d’ailleurs admis le général Sergueï Roudskoï, de l’état-major russe. « Des bandes de saboteurs de Daesh sont encore susceptibles d’opérer mais ils seront combattus par les troupes syriennes », a-t-il en effet affirmé.

En outre, il reste encore à régler le cas de la province d’Idleb, où sont implantés les combattants de la coalition « Hayat Tahrir al-Cham », qui compte dans ses rangs le Front Fatah al-Cham (ex-al-Nosra), lié à al-Qaïda. Et, l’EI vient d’y reprendre pied, en s’emparant du village de Bachkoun après plusieurs jours de combat contre ses rivaux jihadistes. Même chose dans la province de Hama, où plusieurs localités seraient tombées sous le joug de l’organisation terroriste.

« Gagner sur le terrain contre Daesh est une chose. Défaire Daesh, et en conséquence, l’empêcher de renaître sous un autre nom et avec d’autres personnes, exige un processus politique crédible et global, une Constitution, des élections parlementaires et présidentielles sous l’égide de l’ONU », a prévenu Staffan de Mistura, l’envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie.

Empêcher une résurgence de Daesh : tel est l’argument avancé par Washington pour justifier la maintien de sa présence militaire en Syrie. « Nous allons maintenir notre engagement sur le terrain aussi longtemps que nécessaire, pour soutenir nos partenaires et empêcher le retour de groupes terroristes », a en effet affirmé, le 5 décembre, Eric Pahon, un porte-parole du Pentagone. « Nous allons nous assurer que nous créons bien les conditions d’une solution diplomatique » et la guerre contre l’EI sera gagné « quand les locaux pourront s’en charger eux-mêmes », avait expliqué, trois semaines plus tôt, James Mattis, le secrétaire américain à la Défense.

En France, où, en réaction à la déclaration russe, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a rappelé la contribution des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les milices kurdes et soutenues par la coalition, à la défaite de l’EI après la bataille de Raqqa, le président Macron a déclaré que l’engagement militaire français en Syrie se poursuivrait pendant encore quelques semaines.

« Sur la Syrie, il y a une action militaire qui jusqu’à mi, fin février se poursuivra pour lutter contre Daesh », a dit le président Macron, le 10 décembre, lors d’une conférence de presse donnée à l’issue d’un entretien avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, lequel reste préoccupé par l’influence iranienne en Syrie.

« Il faudra ensuite construire la paix dans la durée, c’est là que le coeur de l’action diplomatique française se concentrera dans la région », a ajouté le locataire de l’Élysée, qui a rappelé « la nécessité d’une solution politique sous l’égide des Nations unies pour mettre fin aux souffrances des populations et lutter efficacement contre le
terrorisme, et stabiliser durablement le pays. »

« Nous prendrons avec nos partenaires les initiatives en ce sens dans les prochaines semaines dès que le conflit militaire sur le terrain et contre Daesh sera parachevé », a encore assuré le président français.

À l’occasion de son déplacement au Qatar, le 7 décembre, le président Macron avait évoqué la suite des opérations en Syrie lors d’une allocution prononcée devant les militaires français affectés au Centre de commandement des opérations aériennes de la coalition (CAOC pour « Combined air and space operations center ») installé sur la base d’al-Udeid.

« Il nous faudra construire la paix en Syrie, cela prendra du temps, et nous aurons, avec nos alliés, un rôle décisif. Je veux ici redire que ceux qui, depuis trois ans, se battent contre le terrorisme et contre Daesh dans cette région, c’est avant tout la coalition internationale, et en son sein, vous-mêmes. Et que ceux qui doivent permettre de construire la paix dans la durée, c’est la communauté internationale avec l’ensemble des forces en présence, pour construire une solution politique inclusive », avait-il dit. Et d’ajouter : « Et là aussi, si nous voulons construire la paix, assurer la stabilité de la Syrie, c’est-à-dire éviter sa partition, éviter la domination de certaines puissances régionales qui y voient parfois plus leur intérêt que la paix, notre présence ici, dans les prochains mois, sera déterminante. »

S’agissant de l’Irak, où le Premier ministre, Haider al-Abadi, vient de proclamer la fin des combats contre Daesh, aucune date d’un éventuel désengagement n’a été pour le moment avancée. Au Qatar, le président Macron avait expliqué la France continuera à travailler avec les autorités irakiennes pour que « stabilité complète soit recouvrée en Irak. » Et, avait-il poursuivi, « à cet égard, le CAOC demeurera un poste d’observation, d’action et d’appui déterminant pour la transition en Irak. »

En attendant, le format de la Force française Chammal devrait être réduit dans les semaines à venir. Les frappes aériennes se faisant plus rares [26 sorties effectuées lors de la semaine du 29 novembre au 5 décembre, sans aucune frappe, ndlr], le nombre de Rafale basés en Jordanie va probablement être revu à la basse. Quant aux artilleurs de la Task Force Wagram, déployés en Irak avec 4 CAESAr, devraient bientôt revenir en France.

Photo : État-major des Armées / Armée de l’Air

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]