Mme Parly défend avec vigueur le choix du Rafale pour la modernisation de l’aviation belge

Comme elle a déjà eu l’occasion de le dire plusieurs fois lors de ses interventions devant les parlementaires, Florence Parly, Mme le ministre des Armées, ne lâche rien. Cela lui a fait gagner un premier arbitrage budgétaire en novembre, avec la prise en charge par la solidarité ministérielle de 350 millions de surcoûts liés aux opérations. Reste encore pour elle à en remporter un second, c’est à dire le dégel de 700 millions d’euros, encore gardés au frais par Bercy.

Sur le plan des exportations, Mme Parly se veut, là-aussi, pugnace. C’est ainsi qu’elle n’entend « pas lâcher l’affaire » des futurs sous-marins polonais en défendant la candidature de Naval Group (ex-DCNS). Même chose pour la modernisation de l’aviation militaire belge, qui prévoit l’acquisition de 34 nouveaux avions de combat pour 3,6 milliards d’euros afin de remplacer ses F-16.

Dans cette affaire, la France a créé la surprise en décidant de ne pas participer à l’appel d’offres lancé par Bruxelles (deux autres candidats avaient déjà jeté l’éponge). À la place, Paris a proposé à la partie belge un « partenariat stratégique » basé sur la livraison de 34 Rafale.

Le ministre belge de la Défense, Steven Vandeput, n’a apparemment pas apprécié cette initiative, d’autant plus que, selon lui, elle est porteuse de « risques juridiques ». Aussi, pour lui, il vaudrait mieux ne pas s’écarter de la procédure en cours, ce qui signifie que le choix se limiterait aux deux constructeurs qui y ont répondu, via leurs agences gouvernementales respectives, c’est à dire Lockheed-Martin (F-35A) et le consortium Eurofighter (Typhoon).

Cependant, l’ensemble du gouvernement belge n’est pas sur la même ligne que M. Vandeput, le conseil des ministres restreint (le kern) ayant en effet décidé de maintenir le Rafale dans la course, tout en laissant se poursuivre l’appel d’offres « ACCap » (Air Combat Capability).

Histoire d’enfoncer le clou, Mme Parly a profité d’une « carte blanche » donnée par les quotidiens Le Soir et De Tijd pour défendre l’offre française (et accessoirement, répondre aux rumeurs que ne manque pas de susciter des marchés d’une telle ampleur).

« Depuis plus de 50 ans, les entreprises de l’équipe Rafale sont fortement implantées en Belgique avec des usines, des centres de recherche et un réseau de 800 entreprises partenaires », a fait valoir Mme Parly. « Le partenariat que propose la France, ce sont aussi plus de 150 sociétés belges qui ont déjà été approchées et une centaine de projets industriels ou technologiques pour un montant de 4 milliards d’euros », a-t-elle ajouté, ce qui permettra de créer des « emplois en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles. »

Voilà pour l’aspect économique du dossier. Quant au côté juridique, Mme Parly a rappelé que la Belgique « n’a […] pas recouru à un appel d’offres classique en s’adressant à des entreprises » mais en demandant « aux États des propositions. »

Aussi, pour Mme Parly, « cette formule, prévue par le droit belge et européen, laisse à la Belgique toute latitude pour examiner les offres faites par les Etats dans le cadre du processus irréprochable engagé sous la conduite du ministre de la Défense, Steven Vandeput, tout en négociant en même temps avec la France sur des fondements plus larges. »

Et d’ajouter : « Le gouvernement belge a d’ailleurs indiqué explicitement (…) que sa responsabilité juridique était exclue et qu’interroger les États ne signifiait en aucun cas s’engager à conclure un accord avec eux. Il n’y a donc ni obstacle, ni risque juridique pour la Belgique à engager cette discussion pour un partenariat avec la France. »

Le troisième axe de l’argumentation développée par Mme Parly est politique. L’initiative française, a-t-elle plaidé, vise à proposer à la Belgique un « d’un avion de combat qui répond parfaitement à ses besoins et qui a prouvé son efficacité et sa fiabilité dans tous les domaines d’emploi » ainsi qu’une « maîtrise effective de cet avion par l’accès sans restrictions aux technologies. »

En outre, il s’agit également de renforcer « la coopération opérationnelle entre nos armées par des entraînements communs, de la préparation opérationnelle conjointe, des échanges dans le domaine du renseignement et de la formation. » Et cela passera par un partage des infrastructures françaises. « C’est travailler ensemble sur les systèmes de combat aérien du futur et de chercher les meilleures stratégies aériennes pour vaincre le terrorisme », a encore souligné Mme Parly.

Et cette dernière de conclure : Cette offre française permettrait « une défense optimale pour la Belgique et un grand pas pour la défense de l’Europe. » Un point qui pourrait faire mouche à Bruxelles, à l’heure où il est question de délocaliser la formation des pilotes de chasse belge aux États-Unis à partir de 2019, alors qu’elle se fait actuellement sur la base aérienne de Cazaux.

Photo : Armée de l’Air

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]