La Marine nationale envisage de louer des hélicoptères civils d’occasion pour remplacer ses Alouette III

Quand, en 1959, l’hélicoptère Alouette III effectua son premier vol, la Renault Dauphine était la voiture la plus vendue en France et personne ne se doutait encore que les Beatles allaient devenir le groupe de musique pop le plus influent de l’histoire… Et pourtant, cet appareil est encore utilisé par la Marine nationale, après avoir été mis en service en 1962.

Pourtant, la Loi de programmation militaire (LPM) 2008-2013 prévoyait le lancement d’un programme interarmées « centré sur un hélicoptère (ou une famille d’hélicoptères) de la classe de 4 tonnes (HC4, ndlr) » afin de remplacer ces Alouette III mais aussi d’autres types d’appareils, comme le Dauphin SP, le Panther, la Gazelle (armée de Terre) et le Fennec (armée de l’Air). Il était alors question d’une commande portant sur 188 exemplaires à partir de 2018.

La suite est connue : ce programme, malgré son importance, resta dans les cartons. Et ce n’est qu’en mars dernier que fut donné le coup d’envoi du projet d’hélicoptères interarmées légers (HIL), sur la base du H-160 d’Airbus Helicopters. Seulement, les premières livraisons commenceront en 2024… Ce qui signifie qu’il faudra maintenir en service les Alouette III pour au moins 7 ans de plus.

Enfin presque. Lors de son passage devant le sénateurs de la commission des Affaires étrangères et des Forces armées, dans le cadre des discussions budgétaires, le chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM), l’amiral Christophe Prazuck, a déploré le faible taux de disponibilité des hélicoptères, celui, par exemple, des Lynx, n’étant que de 22%.

« Ce taux est également faible pour les hélicoptères récents comme les NH90, pour lesquels nous avons une multitude de versions et d’interlocuteurs », a en outre souligné l’amiral Prazuck, expliquant que le Maintien en condition opérationnelle (MCO) pour ce type d’appareil [entré en service en 2011, ndlr] nécissait une « dizaine de contrats » différents.

S’agissant des hélicoptères les plus anciens, la situation n’est donc guère meilleure, d’autant plus que le coût de l’heure de vol grimpe en flèche, avec 22.000 euros/heure pour un Lynx et 11.000 euros pour une Alouette III (contre 5.000 euros il y a encore peu, soit une hausse de plus de 100%).

Dans de telles conditions qui continueront à se dégrader (« le coût de la maintenance de l’Alouette III va continuer à exploser », a dit le CEMM), il n’est pas possible d’attendre 2024 et les premiers HIL.

Aussi, l’amiral Prazuck milite pour le remplacement au plus tôt de ces hélicoptères. Oui mais comment?

« Je suis ainsi prêt à louer des hélicoptères civils d’occasion pour faire le travail de liaison entre les bâtiments à la mer, aujourd’hui réalisé par les Alouettes III », a-t-il lâché devant les sénateurs. Cela fait partie des « solutions innovantes » (qui ne le sont pas plus que ça) que souhaite proposer le patron de la Marine pour accélérer le remplacement de plusieurs matériels dont le renouvellement « ne plus attendre. »

Photo : Marine nationale 

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