La force Barkhane n’a commis aucune faute lors de la mort d’un guetteur s’étant révélé être un mineur

En décembre 2016, des médias maliens affirmèrent qu’un enfant de 10 ans, envoyé chercher des ânes par ses parents, avait été tué par un hélicoptère de la force française Barkhane lors d’une opération à Tigabaten, dans le nord du Mali.

Devant la pression médiatique (et la mise en avant de cet incident par l’hebdomadaire Jeune Afrique), l’État-major des armées (EMA) publia deux communiqués pour expliquer que, au moment des faits, un « réseau de guetteurs agissant pour le compte d’un groupe armée terroriste […] échangeait des informations relatives à un convoi logistique […] approchant du secteur afin de permettre à des poseurs d’engins explosifs improvisés de tuer des soldats français. »

Après avoir rappelé que ce mode opératoire avait été utilisé lors d’une attaque ayant coûté la vie, un mois plus tôt, à l’adjudant Fabien Jacq, l’EMA expliqua que « la force Barkhane avait alors décidé l’intervention d’une patrouille d’hélicoptères afin de faire cesser cette menace », ce qui abouti à « la neutralisation d’un de ces guetteurs, qui s’est avéré être un mineur. » Et de préciser qu’une enquête de commandement avait été ouverte.

Les conclusions de cette dernière ont été présentés un an plus tard par Valérie Lecasble, la porte-parole du ministère des Armées. « Le décès de ce mineur est regrettable », a-t-elle admis. Mais, a-t-elle continué, « l’enquête n’a relevé aucune faute individuelle ou collective dans l’usage de la force. »

La force Barkhane avait attaqué « un groupe de guetteurs agissant pour le compte d’un groupe armé organisé à caractère terroriste », qui « échangeaient des informations relatives à un convoi logistique de l’armée française approchant du secteur afin de permettre à des poseurs d’engins explosifs improvisés de tuer des soldats français », a expliqué Mme Lecasble. Et si l’un de ces guetteurs « s’est avéré être un mineur », il « apparaissait légitime de faire cesser une intention hostile » dans le contexte opérationnel d’alors, a-t-elle fait valoir.

Cela étant, il est désormais question d’une autre affaire, relative cette fois à une opération contre un groupe armé dans la région d’Abeïbera, fin octobre. Au moment des faits, l’EMA affirma que 15 terroristes avaient été neutralisés, dont un lieutenant du chef jihadiste Iyad Ag Ghali, spécialisé dans le recrutement et la formation des terroristes d’Ansar Dine.

Seulement, selon Bamako, 11 soldats maliens faits prisonniers lors d’attaques précedemment menées par les jihadistes auraient été tués au cours de l’opération française. Or, pour Barkhane, ces hommes n’étaient pas des « otages » dans la mesure où ils avaient « été retournés » par les terroristes. Dans un communiqué, l’EMA avait assuré que les éléments alors disponibles avaient permis « la caractérisation formelle de ce campement et son identification sans erreur possible comme un camp d’entraînement terroriste, du fait d’un travail précis de renseignement militaire. »

Reste que Bamako campe sur ses positions. Ainsi, le président malien, Ibrahim Boubakar Keïta, a réaffirmé que les 11 soldats maliens étaient « bien des otages ».

« Il s’agissait bel et bien d’otages des terroristes et il ne faudrait pas qu’il y ait là-dessus la moindre ambigüité entre nos amis français et nous », a affirmé M. Keïta dans un entretien donné à Jeune Afrique. « C’est un fait regrettable, qui peut hélas survenir dans ce type d’opération. On doit l’admettre et ne pas chercher d’autres raisons qui n’existent pas », a-t-il insisté.

Photo : État-major des armées

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