Mme Parly a confirmé l’intérêt du Qatar pour l’achat de 12 avions Rafale supplémentaires

Quand, en mai 2015, le Qatar a signé un contrat portant sur l’acquisition de 24 avions Rafale auprès de Dassault Aviation, il était question d’un option sur 12 appareils supplémentaires. Depuis quelques semaines, l’on prête à Doha l’intention de lever cette dernière.

Ce qu’a confirmé Mme le ministre des Armées, Florence Parly, sur les ondes de RMC, le 30 novembre. « C’est un sujet qui est en négociations depuis de longs mois », a-t-elle en effet admis. Mais ce n’est pas le seul.

Ainsi, le Doha aurait également l’intention de commander 300 véhicules blindés (des VBCI, selon La Tribune) pour un montant d’environ 2 milliards d’euros. « C’est aussi une négociation qui a lieu depuis de longs mois et dont on espère qu’elle pourra se concrétiser lorsque le président de la République ira au Qatar, au début décembre », a confirmé Mme Parly.

L’on peut donc s’attendre à la signature de plusieurs contrats d’armement par le Qatar d’ici quelques jours [le président Macron devant se rendre à Doha le 7 décembre, ndlr]. Cela étant, dans ce domaine, il convient de rester prudent car on n’est jamais à l’abri d’une désillusion de dernière minute.

Quoi qu’il en soit, s’agissant des 12 Rafale que le Qatar souhaiterait acquérir, aucun montant du contrat éventuel n’a été avancé. Pour mémoire, celui signé en 2015 s’élevait à 6,3 milliards d’euros. Outre les 24 appareils (dont 6 biplace), cette somme englobait également les armements fournis par MBDA et Safran.

Cela étant, si Doha lève effectivement l’option sur les 12 Rafale, cela risque de compliquer la tâche de l’armée de l’Air, pour qui les missions de soutien à l’exportation (SOUTEX) pèsent fortement sur son activité.

Ainsi, en 2018, il est attendu que le volume d’activité de la mission SOUTEX sera équivalent à celui de l’opération Barkhane, soit à 10% de l’activité de l’armée de l’Air. Et si le Qatar a payé les heures de vol correspondantes pour la formation de ses pilotes (ainsi que celle de son personnel technique), cela ne « permet pas de rétablir l’équilibre organique de la flotte et de ses équipages », a prévenu le député Jean-Charles Larsonneur, rapporteur pour avis sur le programme 146 « Équipement des forces ». Aussi, la prochaine Loi de programmation militaire (LPM) aura à prendre en compte cette situation.

Par ailleurs, le Qatar investit massivement dans la modernisation de ses forces aériennes. Outre le Rafale (24+12), l’émirat a signé cet été une commande pour 36 F-15QA (Qatar Advanced) auprès de Boeing. Et il est aussi question pour Doha d’acquérir 24 Eurofighter Typhoon. Soit 96 avions au total pour un pays comptant un peu plus de 2 millions d’habitants (si on applique alors cette proportion à la France, alors l’armée de l’Air et la Marine nationale compteraient plus de 2300 avions de combat…)

La politique qatarie dans ce domaine est difficilement lisible puisque les avions commandés ont des capacités et des missions relativement proches. En outre, elle suppose trois filières distinctes d’approvisionnement et de formation, ce qui n’est pas un gage de rationnalité économique.

Mais en attendant, une nouvelle commande de Rafale ne pourra faire que du bien à l’industrie de défense française, et en particulier à sa filière aéronautique. Par les temps qui courent, c’est toujours bon à prendre pour la balance commerciale…

Photo : Armée de l’Air

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