Polémiques en Argentine après la disparition du sous-marin ARA San Juan

Des moyens importants sont toujours déployés pour tenter de retrouver le sous-marin argentin ARA San Juan, qui n’a plus donné de signe depuis le 15 novembre, jour où une forte explosion a été détectée par des capteurs de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (Otice) près de sa dernière position connue.

La piste d’une explosion à bord du sous-marin étant désormais privilégiée, les chances que ses 44 marins soient encore en vie sont nulles. Mais encore faut-il retrouver l’épave du navire pour que leur mort soit officielle. En attendant, le gouvernement argentin est au centre d’au moins deux polémiques.

La première concerne la communication autour des recherches. Les familles des marins ont en effet été ballotées entre espoirs et désillusions. En outre, les informations ont été livrées au compte-gouttes. Ainsi, ce n’est que cinq jours après la disparition de l’ARA San Juan que l’on a appris qu’il avait signalé une avarie dans son système de batteries à l’occasion de sa dernière communication avec sa base.

En outre, ce drame a mis en lumière les rapports difficiles entre les forces armées argentines et le pouvoir polique. Ainsi, le ministre argentin de la Défense aurait appris la disparition de l’ARA San Juan par la presse… Selon la presse locale, le gouvernement envisagerait une purge au sein de la marine pour sanctionner ce type de dysfonctionnement.

Toutefois, le 19 novembre, le président argentin, Mauricio Macri, a exigé une enquête « approfondie » pour connaître la « vérité » sur ce qui est arrivé au sous-marin.

« Jusqu’à ce que nous n’ayons pas toutes les informations, nous ne devons pas nous aventurer à chercher des coupables. Avant cela, nous devons obtenir des certitudes sur ce qui s’est passé et comment cela s’est passé », a-t-il fait valoir.

Un autre polémique porte sur l’état du sous-marin avant son départ et, plus largement, sur les moyens accordés aux forces argentines. En 2014, l’ARA San Juan avait connu des problèmes électriques lors d’essais en mer réalisés après avoir passé six ans en cale sèche pour une refonte. Mais la marine a répondu qu' »aucune unité n’appareillait si elle n’était pas en capacité de naviguer en toute sécurité ».

Dans cette affaire, a résumé le sociologue Ricardo Rouvier, interrogé par l’AFP, il y a une dimension politique, historique et technologique ». Car, « comme les autres forces armées, la réputation de la Marine a été durement entamée pour son rôle pendant la dictature de 1976 à 1983 et le fiasco de la Guerre des Malouines. » Et plus généralement, « l’armée a été relégué au second rang dans les institutions argentines », a-t-il ajouté.

En outre, la situation économique de l’Argentine n’est évidemment pas sans conséquence sur ses dépenses militaires. Pour Ricardo Rouvier, cela a été accentué par un « oubli ou désintérêt du pouvoir politique concernant les investissements dans l’armée. »

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