Les recherches du sous-marin argentin ARA San Juan sont entrées dans une phase critique

Voilà maintenant sept jours que le sous-marin argentin ARA San Juan n’a plus donné signe de vie et que d’importants moyens ont été déployés pour tenter de le retrouver, avec ses 44 membres d’équipage.

Alors que les conditions métérologiques sont difficiles, 14 navires et 10 avions appartenant à plusieurs pays, dont l’Argentine bien sûr mais aussi les États-Unis, la France (avec un Falcon 50), le Chili, le Brésil, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Norvège, le Pérou et l’Uruguay, ont d’abord passé au peigne fin une zone de 300 km de diamètre autour de la dernière position connue du sous-marin. Puis, les recherches ont été étendues à un périmètre de 1.000 km de long du nord au sod et de 500 km d’est en ouest. Sans résultat pour le moment.

« Nous continuons de faire tout notre possible, en déployant tous les moyens nationaux et internationaux disponibles pour les trouver au plus tôt », a assuré Mauricio Macri, le président argentin.

Pourtant, des découvertes ont entretenu l’espoir. Comme ces appels par satellite passés à des bases navales argentines dont il a été établi qu’ils ne provenaient pas du navire disparu. Comme ce canot de sauvetage repêché par un navire participant aux recherches qui n’appartenait pas à l’ARA San Juan. Ou encore comme ces bruits détectés par deux sonars qui, finalement, ne correspondaient pas à la signature acoustique du sous-marin mais à des sons naturels de l’Atlantique.

En outre, on ne sait pas ce qui a pu se passer à bord de l’ARA San Juan. Le 20 novembre, l’on appris qu’il avait signalé une avarie électrique lors de sa dernière communication. Mais à en croire la marine argentine, elle n’aurait rien à voir avec sa disparition dans la mesure où elle n’était pas suffisamment grave pour justificer une procédure d’urgence.

Cela étant, si l’ARA San Juan a fait naufrage, il aurait dû activer une bouée largable chargée d’émettre des signaux de détresse. Cette dernière peut être mise en oeuvre automatiquement ou par une commande manuelle. Or, aucun signal provenant d’un tel système n’a été détecté jusqu’à présent. Ce qui laisse raisonnablement penser que le sous-marin est en surface. Et comme les conditions métérologiques sont très mauvaises, avec des vagues de 5 à 7 mètres, son kiosque est difficile à repérer depuis les airs.

« Si les vagues recouvrent les antennes du sous-marin, les messages ne peuvent pas passer. Des problèmes électriques peuvent aussi interdire toute émission radio. Il s’agit d’un navire de guerre qui a les moyens et les hommes capables de réparations importantes et même de fortune. Le non-déclenchement d’une balise de détresse serait alors justifié par le fait que le bord [l’équipage] estime pouvoir maitriser la situation », a ainsi expliqué, à l’AFP, Dominique Salles, un ancien officier de la Marine nationale, expert des sous-marins.

Seulement, pour une raison ou une autre, il est possible que la bouée de détresse n’ait pas été libérée et que l’ARA San Juan ait fait naufrage. Cette hypothèse est d’autant plus crédible que, même avec des batteries hors service, il aurait pu rentrer à sa base grâce à ses moteurs diesel.

Dans ce cas, la situation de l’équipage serait critique étant donné que l’oxygène à bord du sous-marin risque de manquer, surtout s’il n’a pas fait surface depuis une semaine.

« C’est une donnée théorique (…), petit à petit nous entrons dans une phase de plus en plus critique », a dit le capitaine Enrique Balbi, le porte-parole de la marine argentine, lors de son dernier point presse. « La question de l’oxygène nous inquiète depuis le début », a-t-il admis.

Autre problème : si, effectivement, les batteries sont hors service, le recyclage de l’air à bord s’en trouve compliqué. Dans ce cas, il est possible d’utiliser des cartouches pour absorber le CO2 expiré par l’équipage ainsi que des « chandelles à oxygène ». Mais là, tout est question de dosage. Comme l’explique un sous-marinier à LCI, « si on relâche trop d’oxygène, la pression augmente et, au dela du double de la pression atmosphérique normale, ça devient toxique. Trop d’oxygène tue les poumons. C’est un jeu dangereux, il faut à la fois absorber le CO2 produit par l’équipage et produire de l’oxygène sans trop augmenter la pression. »

D’après le journal Clarin, qui s’appuie sur des sources participant aux recherches, un objet métallique aurait été détecté à plusieurs centaines de kilomètres de la dernière position connue de l’ARA San Juan. Des vérifications sont en cours. Mais pour la marine argentine, cette journée du 22 novembre est décisive puisque les conditions météorologiques devraient être « idéales », avant de se dégrader à nouveau.

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