Le soutien à l’exportation du Rafale pèse trop lourdement sur l’activité de l’armée de l’Air

Contractuellement, l’État s’était engagé à acquérir 11 Rafale par an afin de pouvoir maintenir la ligne d’assemblage de cet appareil chez Dassault Aviation. Or, la Loi de programmation militaire 2014-2019, avant son actualisation, prévoyait une réduction des livraisons de cet avion à l’armée de l’Air. D’où la nécessité absolue de décrocher des contrats à l’exportation. Ce qui fut fait en 2015, avec l’Égypte et le Qatar.

Seulement, revers de la médaille, ces deux succès commerciaux (suivis par celui obtenu en Inde, avec 36 exemplaires commandés) ne sont pas sans conséquences sur l’activité de l’armée de l’Air.

« En termes de soutien aux exportations, notamment du Rafale, l’armée de l’Air joue un rôle de premier plan. Elle contribue à la promotion des équipements réalisés par notre industrie de défense. Sans l’expérience opérationnelle et les savoir-faire mis en œuvre par l’armée de l’air il n’y aurait pas d’export du Rafale », a ainsi rappelé, lors de sa dernière audition à l’Assemblée nationale, le général Lanata, son chef d’état-major (CEMAA).

Concrètement, et outre les opérations de promotion (Rafale Solo Display, par exemple), l’armée de l’Air est chargée de la formation des pilotes et des mécaniciens des pays clients. « Cela finit par représenter une charge considérable dont les moyens n’ont pas été prévus en programmation militaire », a ainsi déploré le CEMAA.

Dans ces conditions, quelle est l’ampleur des moyens mobilisés par l’armée de l’Air pour assurer cette mission de SOUTEX [Soutien à l’exportation], alors que l’aviation de chasse, principale concernée, est engagée « au-delà de ce qu’elle peut donner »?

Eh bien, en 2018, il est attendu que le volume d’activité de la mission SOUTEX sera équivalent à celui de l’opération Barkhane, laquelle mobilise 8 Mirage 2000C/D/N (ainsi que 6 à 10 avions de transport tactique et 5 drones). Soit 10% de l’activité de l’armée de l’Air.

Le problème n’est pas financier. D’après le rapport pour avis du député Jean-Charles Larsonneur, le Qatar a ainsi « payé les heures de vol correspondantes ». Mais, prévient-il, « ce n’est pas pour autant que ce paiement permet de rétablir l’équilibre organique de la flotte et de ses équipages : il n’y a pas pour autant davantage d’avions ou de mécaniciens disponibles. »

Et M. Larsonneur d’ajouter : « C’est pourquoi l’armée de l’Air prend du retard dans l’entraînement des jeunes équipages, avec une baisse du niveau d’entraînement et des retards dans les qualifications. Les questions de ressources humaines sont indissociables des questions de matériels. »

Voilà un point (parmi de nombreux autres) que la prochaine Loi de programmation militaire devra prendre en compte. « Cette mission est pourtant indispensable pour notre pays et le soutien à notre industrie. C’est pourquoi l’armée de l’air doit disposer des moyens nécessaires pour la réussir pleinement sans accroître les déséquilibres organiques », estime le général Lanata.

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