Des bombardiers B-52 et des chasseurs F-22 pour détruire des laboratoires d’héroïne en Afghanistan

Les chiffres de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime sont sans appel : par rapport à l’an passé, la production afghane d’opium a quasiment doublé en 2017, atteignant ainsi les 9.000 tonnes.

Malgré la destruction de 750 hectares de cultures de pavot (soit deux fois plus que l’an passé), les zones cultivées ont augmenté de plus de 60% et s’étendent maintenant sur 328.000 hectares. Le rendement à l’hectare a augmenté de 15% sur un an. Quant à la valeur de l’opium, elle s’est appréciée de 50%, ce qui a rapporté 1,4 milliard de dollars (soit 7% du PIB afghan). Et une partie de cet argent sert à financer le mouvement taleb.

D’où la décision des forces américaines présentes en Afghanistan de s’attaquer enfin à la racine du mal, ce qui aurait sans doute être fait plus tôt… En effet, dans la nuit du 19 au 20 novembre, et conjointement avec l’armée nationale afghane (ANA), des raids aériens ont visé, pour la première fois, des laboratoires de production d’héroïne dans la province du Helmand [sud du pays, ndlr], précisément dans les districts de Kajaki, Musa Qala et Sangin, où l’implantation des taliban est forte.

Pour cette opération, des chasseurs-bombardiers de 5e génération F-22 Raptor ont été sollicités en rasison de leur capacité à utiliser les bombes guidées GBU-39 SDB [Small Diameter Bomb] et GBU-32 JDAM [Joint Direct Attack Munition]. Ces appareils ont décollé de la base aérienne d’al-Dhafra, aux Émirats arabes unis, où est installé le 95th Expeditionary Fighter Squadron. Pour cette mission, ils ont été ravitaillés en vol par des KC-10 Extender et des KC-135 Stratotanker.

Mais les F-22 Raptor n’ont pas été les seuls appareils utilisés puisque des bombardier B-52 Stratofortress ont aussi été de la partie. De même que des A-29 Super Tucano afghans. Enfin, des drones ont été sollicités, ainsi qu’un lance-roquettes multiple HIMARS (High Mobility Artillery Rocket System), mis en oeuvre par les Marines.

Au total, 7 laboratoires servant à transformer la drogue et un centre de commandement ont été détruits.

Cette opération a été rendue possible grâce aux nouvelles directives édictées dans le cadre de stratégie afghane annoncée par le président américain, Donald Trump, en août dernier.

Selon un communiqué de la mission Resolute Support, conduite par l’Otan en Afghanistan, les forces américaines en Afghanistan (USFOR-A) ont en effet « commencé à documenter les cibles immédiatement après l’annonce de la nouvelle stratégie, qui donne davantage de latitude au commandement »,

« Ces frappes sont la première utilisation de ces directives qui permettent aux forces américaines de poursuivre activement les éléments terroristes et de les attaquer en collaboration avec les forces afghanes », est-il encore avancé dans ce texte.

« Nous avons frappé cette économie illégale, visé les laboratoires où ils transforment le pavot en héroïne, les entrepôts de stockage, les lieux où [les taliban] gardent leur argent et d’où ils commandent et contrôlent » le trafic, a expliqué le général John Nicholson, le commandant de la mission Resolute Support. Et ce dernier a prévenu qu’il y en aura d’autres.

« Les raids conduits la nuit dernière vont se poursuivre pour frapper les talibans là où ca fait mal », a en effet affirmé le général Nicholson, le 20 novembre. « Les réseaux criminels qui soutiennent les talibans sont responsables de 85% de l’héroïne produite dans le monde », a-t-il souligné. Et cette économie souterraine rapporte au moins 200 millions de dollars au mouvement taleb.

« Nous constatons que la direction des taliban se dispute l’argent et qu’il est souvent distribué selon des lignes tribales », a précisé le général Nicholson.

Pour autant, il n’est pas question de s’attaquer aux paysans qui exploitent les champs de pavot. « Ils sont otages de leurs dettes et vivent sous la menace des taliban », a fait valoir le général américain.

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