La modernisation de l’aviation de combat française soumise à un calendrier difficile à tenir

La coupe budgétaire de 850 millions d’euros imposée l’été dernier au ministère des Armées a affecté en grande partie l’armée de l’Air. Ainsi, le projet de doter les drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) MQ-9 Reaper d’une charge utile de renseignement électromagnétique a été reporté à des jours meilleurs, de même que la capacité radar destinée aux avions légers de surveillance et de reconnnaissance (ALSR). Et la commande d’un hélicoptère Caracal, pour remplacer un appareil perdu en mission extérieure, a également été décalée.

Deux autres mesures, concernant plus particulièrement l’aviation de combat, ont été prises. La modernisation – a minima – des Mirage 2000D a été décalée, avec une livraison des premiers avions modifiés légèrement repoussée. Mais cela ne décalera pas « l’échéancier global de livraison », a rassuré le général André Lanata, le chef d’état-major de l’armée de l’Air, lors de son passage devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées.

La seconde décision a concerné le standard F4 du Rafale. « Une nouvelle négociation avec l’industriel a conduit à décaler légèrement les études, sans toutefois avoir d’impact sur le déroulement de l’opération dans sa totalité », a expliqué le général Lanata.

Cela étant, l’avenir de l’aviation de combat française s’annonce difficile, en raison d’incertitudes budgétaires, capacitaires, politiques, voire diplomatiques puisqu’il est question de lancer des projets dans le cadre d’une coopération européenne. Or, sur ce dernier point, les agendas des pays potentiellement partenaires ne coïncident pas forcément avec celui de la France.

Le général Lanata a quatre priorités pour moderniser l’aviation de combat. La première porte sur le nombre d’appareils en ligne. Au regard de l’activité opérationnelle de l’armée de l’Air, il n’est pas question disposer moins de 215 avions de chasse, ce qui suppose de remplacer les Mirage 2000-5/C par une trentaine de Rafale supplémentaires d’ici 2021, année de leur retrait du service.

Le lancement du standard F4 du Rafale ne pourra plus souffrir de nouveaux retards. Cette nouvelle version de l’avion de Dassault Aviation est « en effet essentiel pour faire face à l’évolution des menaces et maintenir ce chasseur au meilleur niveau sur la scène internationale à l’horizon 2025 », a plaidé le général Lanata.

Vient ensuite le coeur du problème : le remplacement des Mirage 2000D, qui arriveront en fin de vie en 2030. C’est à dire demain. Les appareils appelés à leur succéder devront être compatibles avec le missile de croisière à capacité nucléaire ASN4G, qui devrait être hypersonique. Au vu du temps qu’il faut pour développer un nouvel avion, il ne faudra pas trop tergiverser.

« En ce qui concerne la composante nucléaire aéroportée et le futur missile, je privilégie l’hypervélocité, à condition que cela soit technologiquement et financièrement accessible à l’horizon 2035, et un porteur de type chasseur », a dit le général Lanata.

« Je crois personnellement à la pertinence de notre modèle et au besoin de continuer à recourir à un chasseur performant, car ce sont bien les qualités de pénétration du couple chasseur-missile qui sont gage de la capacité de percer les défenses ennemies et donc de la crédibilité de la composante nucléaire aéroportée, crédibilité sur laquelle repose le principe même de la dissuasion nucléaire. Les études en cours devront déterminer les compromis entre le porteur et le vecteur. A ce stade, rien ne permet d’affirmer qu’il faudra augmenter la taille du porteur », a-t-il ajouté. Voilà donc fixée, dans les grandes lignes, la feuille de route pour le successeur du Mirage 2000D.

Sera-t-il le fruit d’une coopération franco-allemande, comme le suggère la déclaration d’intention pubbliée par Paris et Berlin en juillet dernier? Rien n’est moins sûr… L’Allemagne, qui doit remplacer ses avions Panavia Tornado à partir de 2025, lorgne sur le F-35 américain, ce qui rend hypothètique une collaboration dans l’immédiat.

À plus long terme, il s’agira de remplacer les premiers Rafale, qui, à l’horizon 2040, afficheront une trentaine d’années de service. « Il s’agira de construire le système de combat aérien futur qui pourrait être réalisé dans le cadre d’une coopération européenne », a estimé le général Lanata. Mais là aussi, il ne faudra pas trop traîner en cours de route.

« Compte tenu des durées de développement de ce type de programme, des choix importants et engageants sur l’avenir de l’aviation de combat nous attendent à l’horizon 2020-2022. Les études préparatoires doivent être lancées pour nous permettre d’éclairer ces décisions », a expliqué le CEMAA, alors que des études sur ce système de combat aérien futur (SCAF) sont déjà en cours avec les Britanniques….

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