Le chef d’état-major israélien ouvert à l’idée de partager des renseignements avec les pays arabes

À plusieurs reprises, les autorités israéliennes ont mis en garde contre l’influence grandissante de l’Iran en Syrie, à la faveur de son soutien au régime de Bachar el-Assad. Qui plus est, le Hezbollah, décrit comme étant la menace la plus importante pour Israël, en a également profité pour pousser ses pions, tout en renforçant ses capacités militaires.

Aussi, les responsables militaires israéliens regardent de près la situation qui prévaut à proximité du plateau du Golan. En effet, l’accumulation de miliciens chiites (Hezbollah) et de combattants iraniens mettrait le nord d’Israël sous la menace d’infiltrations et d’attaques.

« Nous ne permettrons pas la consolidation d’un axe chiite en Syrie comme base avancée pour des opérations », a d’ailleurs récemment résumé Avigdor Lieberman, le ministre israélien de la Défense.

Dans le même temps, l’Arabie Saoudite, où une révolution de palais est en cours sous l’impulsion du prince Mohammed ben Salmane Al Saoud, voit évidemment d’un mauvais oeil la progression de l’influence iranienne au Proche et Moyen Orient. D’où l’affaire de la démission de Saad Hariri, le Premier ministre libanais, proche de Riyad.

Si cela n’est fondamentalement pas nouveau, les revers infligés à l’État islamique (EI ou Daesh) en Syrie ont favorisé l’implantation militaire iranienne ainsi que celle du Hezbollah, et donc renforcé les inquiétudes sur la « tentation hégémonique » de l’Iran dans la région, comme l’a d’ailleurs souligné Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères.

Cette nouvelle situation fait bouger les lignes. Ainsi, pour son premier entretien donné à un média arabe, en l’occurrence site Elaph, qui, établi au Royaume-Uni, appartient à un homme d’affaires saoudien, le chef d’état-major israélien, le général Gadi Eisenkot, a fait une proposition « fracassante ».

Avec le président Trump, il y a une opportunité de construire une nouvelle coalition internationale dans la région. Nous devons mettre en œuvre un vaste plan stratégique inclusif pour arrêter le danger iranien. Nous sommes disposés à échanger des informations provenant du renseignement avec les pays arabes modérés pour faire face à l’Iran », a en effet déclaré le général Eisenkot, avant d’estimer qu’Israël et l’Arabie Saoudite ont « beaucoup d’intérêts communs ».

« J’ai participé à la réunion des chefs d’état-major à Washington et j’ai entendu ce que le représentant saoudien a dit. C’est précisément ce que je pense de l’Iran et de la nécessité d’y faire face dans la région et de la nécessité d’arrêter son programme d’expansion », a expliqué le chef de l’armée israélienne.

« Téhéran veut prendre le contrôle du Moyen-Orient, en créant un croissant chiite du Liban jusqu’à l’Iran et du golfe Persique jusqu’à la mer Rouge. Nous devons prévenir cela », a soutenu le général Eisenkot. En outre, il a également assuré qu’Israël « n’a aucune intention de lancer une offensive contre le Hezbollah au Liban. » Toutefois, a-t-il ajouté, « nous ne pouvons pas accepter les menaces stratégiques venues de là-bas . »

« Nous voulons que le Hezbollah, l’Iran et ses milices se retirent de Syrie. Nous avons dit ouvertement, et aussi discrètement et secrètement, que nous n’accepterions pas la consolidation d’une présence iranienne en Syrie en général et en particulier à l’ouest de la route Damas – Sweida [à environ 50 km de la frontière israélienne sur les hauteurs du Golan, ndlr] », a continué le général israélien. « Nous n’autoriserons aucune présence iranienne, nous les avons mis en garde contre la construction d’usines ou de bases militaires et nous ne le permettrons pas », a-t-il insisté.

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