Incident diplomatique entre l’Otan et la Turquie

Avec la répression consécutive au coup d’État manqué du 15 juillet 2016, les relations entre la Turquie et l’Otan ont connu un coup de froid. Mais telle n’est pas la seule raison : les brouilles, régulières, entre Ankara et Berlin ou encore le rapprochement avec la Russie, au point que les autorités turques ont choisi le système russe de défense aérienne S-400 [incompatible avec ceux utilisés par les Alliés, ndlr] constituent d’autres sujets de friction.

Or, étant donné l’importance stratégique de la Turquie, l’Alliance cherche à arrondir les angles.

Une position résumée par Mme le ministre allemand de la Défense, Ursula von der Leyen. Ankara « ne nous facilite pas la tâche au sein de l’Otan […] Mais personne ne doit s’imaginer qu’une Turquie en dehors de l’Otan nous écouterait mieux, ou serait plus facile à vivre, qu’une Turquie restée dans l’Otan », avait-elle en effet déclaré, le 15 mars dernier.

Alors que le climat entre l’Alliance et la Turquie est à ce point difficile, un incident a perturbé un exercice visant à tester la structure de commandement de l’Otan, à Stavanger, dans le sud-ouest de la Norvège. Un incident grave puisqu’Ankara a décidé le retrait de ses troupes.

« Hier, il s’est produit un incident en Norvège. Ils ont accroché une sorte de ‘tableau des ennemis’. Dans ce tableau, il y avait une photo (du fondateur de la République turque Mustafa Kemal) Atatürk, ainsi que mon nom. Voilà quelles étaient les cibles », a raconté Recep Tayyip Erdogan, le président turc, lors d’une allocution télévisée, ce 17 novembre.

En l’apprenant, a continué M. Erdogan, « j’ai donné pour instruction de retirer sans tarder nos 40 militaires (prenant part à l’exercice) ». Et d’ajouter : « Il n’est pas possible d’avoir une telle conception d’une Alliance. »

Dans la foulée, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a présenté ses excuses au président turc.

« Je présente mes excuses pour l’offense causée. Les incidents ont été le résultat des actions d’un individu et ne reflètent pas les opinions de l’Otan », a expliqué M. Stoltenberg, via une inhabituelle déclaration écrite. « La Turquie est un allié estimé de l’Otan, qui apporte des contributions importantes à la sécurité de l’Alliance », a-t-il souligné.

D’après M. Stoltenberg, une enquête est en cours et le fautif a été « immédiatement » renvoyé du centre interarmées de Stavanger. Selon lui, il s’agirait d’un « civil » employé par les forces norvégiennes. « C’était une recrue civile, dépendant de la Norvège, et pas un employé de l’Otan », a-il dit.

« Il reviendra aux autorités norvégiennes de décider s’il faut une action disciplinaire » à l’encontre de cette personne et « l’Otan a été en contact avec les autorités norvégiennes à ce sujet », a encore précisé M. Stoltenberg.

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