Definvest, le fonds d’investissement de la Défense pour les entreprises stratégiques

« Il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va », a dit le philosophe romain Sénèque. La preuve avec Definvest, le nouveau fonds d’investissement qui vient d’être lancé par le ministère des Armées et Bpifrance pour soutenir le développement des PME stratégiques pour la Défense, en particulier celle ayant développé des innovations dites de « rupture », que ce soit dans les domaines de l’intelligence artificielle, des nanotechnologies, le big data, les neurosciences, l’optique, l’internet des objets, l’impression 3D, etc…

Il y a exactement un an, Laurent Collet-Billon, alors Délégué général pour l’armement (DGA), avait avancé l’idée de créer un fonds d’investissement chargé d’éviter de voir les « pépites » technologiques françaises ayant un intérêt pour les armées se faire avaler une par une par des intérêts étrangers.

« Beaucoup de groupes chinois et surtout américains viennent convoiter les pépites françaises, attirés par le modèle d’innovation français », avait alors expliqué M. Collet-Billon, à l’occasion d’une audition parlementaire. « De plus en plus de sociétés d’autres continents tentent de s’emparer de certaines de nos PME ‘pépites’ et nous n’avons pas d’outil pour les défendre », avait-il ajouté, avant d’indiquer qu’une réflexion était en cours pour créer un fonds d’investissement destiné à financer les entreprises parmi les plus convoitées.

Six mois plus tard, la Direction générale de l’armement (DGA) et Bpifrance, filiale de la Caisse des Dépôts et de l’État, annoncèrent leur « volonté commune » de créer ce fonds d’investissement souhaité par Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense. Un accord portant sur « la création en 2017 d’un véhicule d’investissement Défense, doté initialement de 50 millions d’euros » fut ainsi signé.

Les choses sont donc allées vite, avec l’annonce, le 16 novembre, du lancement officiel de ce fonds d’investissement, appelé « Definvest ».

Dans le « faire-part de naissance », il est confirmé que ce fonds « vise à apporter une solution à ce défi majeur pour les entreprises et l’efficacité de notre défense » et qu’il a « pour vocation de prendre des participations au capital des pépites technologiques
du secteur de la Défense, aux côtés d’investisseurs financiers et industriels. »

L’objectif, poursuit le communiqué publié par le ministère des Amées et Bpifrance, est « de permettre à ces entreprises de se développer en toute autonomie grâce à l’augmentation de
leurs fonds propres. » Pour cela, Definvest bénéficiera des « expertises complémentaires » de la DGA et de la filiale de la Caisse des dépôts.

Le texte précise également que Mme le ministre des Armées, Florence Parly, et le Directeur général de Bpifrance, Nicolas Dufourcq, ont conjointement « validé les règles de fonctionnement » de Definvest. Elles seront transmises prochainement à l’Autorité des marchés financiers (AMF). Plusieurs PME ont déjà fait part de leur intérêt pour ce nouveau dispositif censé éviter une prise de contrôle étrangère d’une société spécialisée, par exemple, dans les systèmes microélectromécaniques (MEMS, pour Micro-Electro-Mechanical Systems), utilisés pour les systèmes de navigation inertiels, les radars ou encore la stabilisation des drones.

« La souveraineté de notre système de défense repose sur une industrie forte et compétitive », souligne le ministère des Armées, rappelant que cette dernière compte une une dizaine de grands groupes et 4.000 petites et moyennes entreprises, ce qui représente environ 200.000 emplois.

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