La force française Barkhane va revoir sa façon d’opérer pour être encore plus efficace

Dans un entretien donné à Jeune Afrique, Mme le ministre des Armées, Florence Parly, a indiqué qu’il n’y a, pour l’instant, pas de projet pour réduire les effectifs actuellement engagés dans l’opération Barkhane, dans la bande sahélo-saharienne (BSS). « En revanche, a-t-elle continué, nous travaillons sur notre façon d’opérer et sur nos méthodes, pour être plus efficace et mieux nous coordonner avec les différentes forces présentes dans la région. »

Outre les armées nationales des pays couverts par Barkhane, il faut en effet compter sur les troupes de Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) et la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S), qui vient de mener sa première opération (Haw Bi) avec le soutien des militaires français, dans la zone dite des trois frontières (Mali, Niger, Burkina Faso).

« La MINUSMA est chargée du maintien de la paix et de la protection des populations. Barkhane contribue à la neutralisation des groupes terroristes et à la destruction de caches d’armes. Leurs missions ne sont donc pas les mêmes, mais il y a une bonne coordination entre les deux. Barkhane forme aussi les forces armées maliennes et soutient la montée en puissance de la force conjointe du G5 Sahel. Tout cela est donc très complémentaire », a ainsi rappelé Mme Parly (oubliant, au passage, la mission européenne EUTM Mali, qui instruit les soldats des forces armées maliennes – FAMa).

Dans les colonnes du quotidien Le Monde, le général Bruno Guibert, l’actuel commandant de la force Barkhane, en a dit un peu plus sur ce travail d’adaptation évoqué par Mme Parly. « Nous allons passer à une mission de contrôle de zone dans la durée », a-t-il dit. C’est à dire que la priorité ne sera plus donnée aux missions « coups de poing » à partir de postes avancés (Madama, Tessalit, Kidal, etc) disséminés dans la BSS.

Outre les moyens qu’il exige, ce modèle « s’essouffle » car « l’ennemi est beaucoup plus dilué, il a adapté ses actions, et nous avons du mal à identifier des katibas, réduites à une dizaine de combattants », a expliqué le général Guibert.

Les effectifs de Barkhane seront maintenus, pendant quelques temps encore, à 4.500 soldats. D’après Le Monde, le général Guibert voudrait les redéployer sur le terrain pendant de longues périodes pour « acquérir du renseignement humain auprès des populations. » Et de préciser : « On emploiera toujours des moyens lourds, mieux concentrés sur les zones de replis des groupes terroristes. » Ce qui demandera toujours un effort logistique conséquent… En outre, a-t-il ajouté, « notre présence doit rassurer, avec des moyens de développement en parallèle ».

Par ailleurs, la force Barkhane suit deux autres objectifs : l’appui aux « forces partenaires », dont la FC-G5S et la MINUSMA, ainsi que l’application des accords de paix signés en 2015 par les groupes armés Touareg du nord (indépendantistes) et les autorités maliennes. Or, pour le moment, cette dernière fait du sur-place, ce qui alimente encore plus l’insécurité dans le nord du Mali.

« On se focalise sur l’action militaire […] mais c’est sur le plan politique que tout se joue », a souligné le général Guibert. « Les groupes armés signataires valident à Bamako des règles qu’ils n’appliquent pas sur le terrain, la collusion existe avec des groupes terroristes, les accords piétinent », a-t-il déploré.

D’après le renseignement français, sous la direction d’Iyad Ag Ghali, le Jamaat Nosrat al-Islam wal-Mouslimin (ou Groupe pour le soutien de l’islam et des musulmans) a su s’imposer depuis l’annonce de sa création, en mars dernier, avec le regroupement de plusieurs factions jihadistes. En outre, une « coordination tactique » avec l’État islamique dans le grand Sahara (EIGS), actif dans la région des trois frontières, seraient apparue.

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