La pénurie de pilotes s’aggrave pour l’US Air Force

« Nous sommes en crise. Il nous manque 1.500 pilotes et si nous ne trouvons pas un moyen pour renverser la tendance, notre capacité à défendre la nation sera compromise », avertissait, en septembre, le général David Goldfein, le chef d’état-major de l’US Air Force.

Deux mois plus tard, de nouveaux chiffres sont tombés. Alors que plusieurs mesures, en particulier des incitations financières, avaient été prises, la situation s’est de nouveau aggravée. Cette fois, il ne manque plus 1.500 mais… 2.000 pilotes. Soit, comme l’a souligné, la semaine passée, Heather Wilson, Mme le secrétaire à l’Air Force, 10% des effectifs.

Jusqu’à présent, les responsables de l’Air Force mettaient cette situation sur le dos des compagnies aériennes privées, lesquelles proposent des rémunérations plus élevées avec des conditions de travail moins exigeantes. Là, c’est le rythme opérationnel trop élevé qui a été pointé par Mme Wilson et le général Goldfein.

« La surtension est devenue la nouvelle norme », a déclaré Mme Wilson. Et nous « sommes trop petits pour toutes les missions que nous avons à effectuer », a-t-elle continué. « Des exigences opérationnelles accrues peuvent être maintenues jusqu’à un certain point, mais au fil du temps, les pilotes et les équipages s’en ressentent », a-t-elle estimé. « Nous épuisons nos gens parce que nous sommes trop petits pour ce que la nation demande », a-t-elle insisté.

« Nous réalisons la mission. Mais nous devons le faire très souvent sur le dos de nos aviateurs », a résumé le général Goldfein. Selon lui, au cours du dernier trimestre, l’US Air Force a effectué plus de 14.000 sorties, notamment dans le cadre de la coalition anti-jihadiste au Levant, en Afghanistan, en Europe (avec les mesures de réassurance de l’Otan) et la péninsule coréenne. C’est ainsi que Mme Wilson a pu rencontrer un pilote qui revenait, a-t-elle dit, de son 17e déploiement.

Pour remédier à cette situation, deux leviers sont privilégiés : fidéliser les équipages (d’où la hausse des primes, l’amélioration des conditions de vie et de travail, etc) et former plus de nouveaux pilotes. Or les insuffisances sur ce dernier point sont le « principal facteur aggravant » de cette pénurie de personnels navigants.

Or, encore faut-il pouvoir recruter tout en maintenant un haut degré d’exigence et former, ensuite, en nombre suffisants de jeunes pilotes. Ce qui suppose des instructeurs… qui font souvent défaut. Pour stabiliser ses effectifs, l’US Air Force devrait au moins pouvoir compter sur 1.600 élèves-pilotes par an, contre seulement 1.200 actuellement.

Deux autres pistes sont également suivies : le recours à des sociétés privées pour jouer les plastrons lors d’exercices et le rappel de pilotes à la retraite pour des tâches administratives, voire d’instructeurs.

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